Hamon sermonne Gattaz qui "défend assez mal l'entreprise française"

Par latribune.fr  |   |  539  mots
"M'associer au projet de Marine Le Pen, c'est bien la preuve qu'il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef", a fustigé M. Hamon, devant la presse, y voyant une "insulte" et réclamant des excuses.
"Voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir, pauvreté généralisée", avait cinglé dimanche dernier Pierre Gattaz dans Le Parisien : depuis cette sortie du numéro un du Medef, c'est une lutte à couteaux tirés avec Benoît Hamon, qui n'apprécie pas du tout -mais alors pas du tout- d'être mis dans le même sac que Mélenchon et Le Pen. Récit d'un feuilleton en 5 actes (pour l'instant)

Depuis cinq jours, le candidat PS à la présidentielle et le numéro un du Medef se livrent à une guerre ouverte par médias interposés.

Le duel entre les deux hommes a débuté dimanche, lorsque Pierre Gattaz a estimé dans Le Parisien que Benoît Hamon était "dans un scénario destructeur pour l'économie française".

"Voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée", a-t-il affirmé.

"Quelque chose de pourri à la tête du Medef" (Hamon)

Réponse cinglante du socialiste le lendemain, lundi 10 avril :

"M'associer au projet de Marine Le Pen, c'est bien la preuve qu'il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef", a fustigé M. Hamon, devant la presse, y voyant une "insulte" et réclamant des excuses.

Hamon, "apprenti sorcier de l'économie", contre Gattaz, "l'héritier"

Mardi, le numéro un du Medef, lors de sa conférence de presse mensuelle, enfonçait le clou en qualifiant tout à la fois Benoît Hamon (PS), Marine Le Pen (FN) et Jean-Luc Mélenchon (la France Insoumise) d'"apprentis sorciers de l'économie".

Dans une lettre, publiée mardi après-midi dans Les Echos ("La lettre cinglante de Hamon à Gattaz"), le candidat socialiste a alors accusé son interlocuteur de se "ridiculiser". Face aux critiques du président du Medef, fils d'Yvon Gattaz fondateur de l'entreprise Radiall, sur le revenu universel, il lui écrit:

"Tout le monde n'a pas la chance d'hériter d'une entreprise."

Gattaz prône "les bienfaits du capitalisme familial"

Dans un nouveau courrier, Pierre Gattaz rétorquait :

"C'est méconnaître les bienfaits du capitalisme familial qui s'ancre dans les territoires, maintient ses usines en France (pour ma part j'en ai créé une 5e en France), tout en se développant à l'international, continue à embaucher en France et associe ses salariés à la performance de l'entreprise."

Jeudi matin, sur Sud Radio, Benoît Hamon repartait à l'offensive :

"Il est inadmissible que le patronat entre dans le débat de cette manière-là", a déclaré le candidat socialiste, estimant par ailleurs que M. Gattaz défendait "très bien les chefs d'entreprises des grandes entreprises mais assez mal l'entreprise française".

Créer 1 million d'emplois : Gattaz accuserait presque Hamon de plagiat...

Dernière passe d'armes en date, toujours ce jeudi 13 avril, le patron des patrons a envoyé une nouvelle lettre à Benoît Hamon pour l'interpeller sur son plan pour créer 1 million d'emplois en France... un plan qui reprend un des slogans de Pierre Gattaz qui lui a souvent été reproché.

... mais s'oppose sur les moyens d'y arriver

Dans cette missive que l'AFP s'est procurée, le patron des patrons y répète les conditions nécessaires selon lui pour créer des emplois en France: "des mesures de simplification d'un environnement devenu trop compliqué", "une politique résolue de baisse de la pression fiscale pesant sur les entreprises", et "une politique suivie et cohérente de confiance et de coopération avec les chefs d'entreprises".

Il y défend en particulier le Pacte de responsabilité, critiqué par le candidat socialiste, et appelle à la baisse des dépenses publiques, à l'inverse de ce que propose M. Hamon.

(Avec AFP)