Accord "imminent" sur le Brexit : l'allié nord-irlandais menace de lâcher Theresa May

Par latribune.fr  |   |  604  mots
Theresa May pourrait bien accepter la proposition de Bruxelles qui maintiendrait l'Irlande du Nord dans l'union douanière, pour éviter le retour d'une frontière physique avec la république d'Irlande voisine. Ici, un militant anti-brexit tient un drapeau nommant les six comtés du nord de l'Irlande devant le Parlement, à Londres. (Crédits : Reuters)
La première ministre britannique Theresa May aurait réuni son cabinet restreint pour l'informer de l'imminence de la conclusion d'un accord sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, selon le Financial Times. Elle pourrait bien accepter la proposition de Bruxelles d'un "backstop" (ou "clause de sauvegarde") afin d'éviter le retour d'une frontière "dure" entre l'Irlande du Nord et la république irlandaise. Une solution que rejette le parti ultra-conservateur nord-irlandais (DUP), allié de Theresa May.

Selon le quotidien financier britannique Financial Times, Theresa May aurait informé jeudi ses principaux ministres qu'un accord était tout proche sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Elle a, par ailleurs, écarté les menaces du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, indispensable à sa majorité au Parlement, qui affirmait qu'il pourrait lui retirer son soutien en fonction du sort réservé à l'Irlande du Nord dans les négociations du Brexit.

Selon Theresa May, les obstacles à la frontière entre l'Irlande du Nord et la république irlandaise sont "en passe d'être surmontés". Dans le Irish Times, on apprend qu'elle s'apprêterait à accepter la proposition de Bruxelles d'un "backstop" (ou "clause de sauvegarde") afin d'éviter le retour d'une frontière "dure" - une idée que rejette son allié nord-irlandais. L'accord esquissé par la Première ministre britannique pourrait ainsi menacer son gouvernement. En outre, deux ministres eurosceptiques, dont Andrea Leadsom, la présidente de la Chambre des communes, non conviés à la réunion du cabinet, pourraient démissionner de leurs fonctions.

Des contrôles sur les marchandises pourraient être instaurés entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni

La question de la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande est l'un des principaux points sur lesquels des progrès sont attendus d'ici au conseil européen (décisif) du 18 octobre.

La décision de Londres de quitter l'UE va imposer des contrôles administratifs pour les marchandises entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord, a affirmé le 10 octobre à Bruxelles le négociateur de l'Union européenne Michel Barnier, une perspective inacceptable pour les Unionistes nord-irlandais (DUP). La solution européenne maintiendrait l'Irlande du Nord dans l'union douanière, pour éviter le retour d'une frontière physique avec la république d'Irlande voisine, et la province britannique continuerait à être alignée sur les règles du marché unique européen.

Dans ce cas, "le commerce de la Grande-Bretagne vers l'Irlande du Nord serait menacé de restrictions", a déploré jeudi la cheffe du DUP, Arlene Foster.

Dans le même temps, le porte-parole du DUP chargé du Brexit, Sammy Wilson, a prévenu que si la Première ministre accepte les "demandes draconiennes de l'UE", elle s'expose à une "défaite parlementaire."

Le DUP et les frondeurs conservateurs veulent faire échouer un accord à Bruxelles

La majorité absolue du gouvernement conservateur de Theresa May au Parlement repose sur les dix députés du DUP. Si ces députés votent contre le budget du gouvernement, qui doit être présenté au Parlement le 29 octobre, cela pourrait déclencher un vote de confiance qui, s'il est perdu, pourrait aboutir à des élections anticipées. Et premier coup de semonce : le DUP s'est abstenu de voter mercredi soir contre un amendement du Parti travailliste à la loi Agriculture (qui a toutefois été rejeté).

La première ministre ne cesse pourtant de dire qu'elle n'accepterait aucun accord créant une "frontière sur la mer d'Irlande", mais son gouvernement pourrait être disposé à faire des compromis avec Bruxelles pour faire avancer les négociations.

Son objectif est de maintenir les liens commerciaux les plus étroits possibles avec l'UE après le Brexit. Cette stratégie rencontre l'opposition d'une partie des conservateurs, qui réclament de couper les ponts. Quant à l'opposition travailliste, elle a déjà prévenu qu'elle voterait contre tout accord qui ne maintiendrait pas les bénéfices de l'union douanière européenne - dont Tony Blair, ancien Premier ministre britannique de 1997 à 2007, qui espère bien l'organisation d'un nouveau référendum.

(avec AFP et Reuters)