Accusé de connivence avec la propagande russe, le RN affirme qu'aucun de ses élus « n'a été approché »

Par latribune.fr  |   |  748  mots
« Aucun élu » du RN « n'a été approché », a affirmé Jordan Bardella. (Crédits : DARRIN ZAMMIT LUPI)
Le parti macroniste aux élections européennes a accusé des partis d'extrême droite d'avoir été approchés et payés par des groupes d'influence russe pour relayer la propagande du Kremlin. Des accusations réfutées par le président Rassemblement national, Jordan Bardella.

L'accusation est lourde pour le Rassemblement national. Le parti d'extrême droite français est soupçonné d'avoir des liens avec un réseau d'influence russe récemment mis au jour en Europe. Une accusation balayée par le président du Rassemblement national Jordan Bardella qui a affirmé jeudi qu'« aucun élu » de son parti « n'a été approché » par ce réseau.

« Il faut lutter contre toutes les formes d'ingérences, à commencer par les ingérences russes », a-t-il déclaré sur France 2, soulignant que « dans cette affaire parfaitement rocambolesque, on reproche à des parlementaires d'avoir répondu à des journalistes accrédités par le Parlement européen ».

Alors que son parti, et en particulier certains membres, sont régulièrement accusés de complaisance voire de complicité avec Moscou, Jordan Bardella, lui-même tête de liste pour les Européennes, a tenté de marquer sa distance avec la Russie qui « représente une menace multidimensionnelle pour l'Europe et conteste les intérêts français, que ce soit en Europe ou en Afrique ».

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Un scandale à l'échelle européenne

Le scandale est né le 27 mars, après l'annonce par les services de renseignement tchèques du démantèlement d'un réseau financé par Moscou, qui répandait la propagande prorusse sur l'Ukraine via le site Voice of Europe. Ce site d'information, basé à Prague, était utilisé pour répandre des informations visant à dissuader l'UE d'aider l'Ukraine dans sa lutte contre l'invasion russe lancée en février 2022.

« Ce groupe s'employait à mener des opérations et des activités sur le territoire de l'UE destinées à nuire à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine », a ajouté le Premier ministre devant les journalistes. « L'activité du groupe (...) va également jusqu'au Parlement européen », a-t-il dit, sans révéler de détails.

L'affaire a très vite pris un tour politique, à seulement deux mois des élections européennes et dans une institution bruxelloise déjà ébranlée depuis décembre 2022 par l'affaire dite du « Qatargate », autour de soupçons de corruption d'élus impliquant le Qatar et le Maroc. Juste après cette annonce, le Premier ministre belge, Alexander de Croo, avait accusé Moscou d'avoir « approché des eurodéputés mais aussi payé pour promouvoir la propagande russe ».

L'eurodéputée macroniste française Valérie Hayer, présidente de Renew Europe (centristes et libéraux), a écrit à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour réclamer l'ouverture d'une enquête interne « immédiate et transparente, en coopération avec les autorités nationales ». A dix semaines des élections européennes, « les électeurs doivent savoir si les eurodéputés ou candidats travaillent avec le soutien de la Russie ou de ses mandataires, la démocratie en Europe doit être défendue à tout prix contre ces menaces », a souligné Valérie Hayer. Les Verts de leur côté réclament également « une enquête rapide et approfondie à l'échelle européenne ».

Les macronistes pointent du doigt le RN

Et dans cette chasse aux sorcières prorusses, l'extrême droite est visée par le parti d'Emmanuel Macron. « Je précise que ces parlementaires qui s'y sont rendus, qui ont été interviewés par Voice of Europe, appartiennent tous à l'extrême droite européenne, allemande et française », a notamment assuré l'eurodéputée Renew Nathalie Loiseau, sans citer de noms. « C'est une affaire très grave », a-t-elle insisté, en concédant « un choc mais pas une surprise (car) on sait que la Russie (...) essaye d'influer sur les députés européens ». « Le choc, c'est d'apprendre que certains députés auraient cédé à la Russie et surtout auraient cédé non pas par conviction, mais parce qu'ils ont été corrompus », a-t-elle développé.

« Depuis le début de l'année et la préparation des élections européennes, il y a énormément de désinformation et énormément de trolls », a indiqué l'ancienne ministre des Affaires européennes française. Le but est selon elle de « semer la confusion et le doute sur le rôle de la Russie de l'Ukraine et essayer de pousser un récit selon lequel, finalement, ça ne vaudrait pas la peine de soutenir l'Ukraine, que les sanctions vis-à-vis de la Russie seraient inutiles, voire dangereuses pour l'Europe ».

(Avec AFP)