Allemagne : Gabriel et Merkel s'écharpent sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  448  mots
En Allemagne, la méfiance est grande à l'encontre du traité de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta), qui inquiète une large majorité de l'opinion. Et provoque des dissensions au sein du gouvernement. Le numéro 2, Sigmar Gabriel (photo) dénonce l'empressement d'Angela Merkel dans ce dossier.
Nouvelle illustration de la division du gouvernement allemand sur le partenariat transatlantique de commerce et d'investissements, plus connu sous l'acronyme TTIP, ou Tafta en français.

Décidément, le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP ou Tafta en français) divise bien plus qu'il ne rassemble. Et si la chancelière allemande Angela Merkel s'est toujours montrée désireuse d'avancer au plus vite sur le sujet afin de conclure un tel contrat entre l'Union européenne et les Etats-Unis - surtout avant la fin du mandat américain de Barack Obama - son enthousiasme est loin d'être partagé par l'ensemble de son gouvernement. Preuve en est la nouvelle sortie du ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel, qui a fustigé la position de la chancelière dans une interview à paraître lundi:


Angela Merkel (CDU) "a eu tort de dire, dans l'euphorie de la visite d'Obama en Allemagne, que nous pourrions dans tous les cas clore les négociations cette année, et de le répéter maintenant", a estimé Sigmar Gabriel, également président du parti social-démocrate SPD, dans un entretien au réseau RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND), qui regroupe 30 journaux régionaux.

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La position défendue par la chancelière (CDU) est que Berlin "met tout en oeuvre pour conclure les négociations, de préférence cette année". Mais certains membres de son gouvernement de coalition, dans lequel cohabitent conservateurs du CDU et sociaux-démocrates, se montrent très sceptiques.

Chi va piano va sano

Sigmar Gabriel craint qu'un accord conclu dans l'urgence ne soit un mauvais accord, "et le SPD ne veut pas participer à un mauvais accord", a-t-il expliqué au réseau RND. Il s'oppose notamment au principe "non transparent" des tribunaux d'arbitrage, qui laisserait la possibilité aux multinationales de contester les lois d'un Etat.

Le numéro deux du gouvernement avait déjà récemment estimé que l'accord allait "échouer" sans concessions de la part des Etats-Unis.

Outre-Rhin, la méfiance est grande à l'encontre du traité de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta), qui inquiète une large majorité de l'opinion. Des manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, à Berlin fin 2015 et en avril dernier à Hanovre (nord) lors de la venue du président américain, Barack Obama.

Réunis jeudi et vendredi au Japon, les chefs d'Etat du G7, dont l'Allemagne, les Etats-Unis et la France sont membres, ont exprimé leur volonté commune de parvenir "dès cette année" à l'accord sur le TTIP mais "à condition qu'il soit ambitieux, complet, d'un haut niveau de qualité et mutuellement bénéfique".

Un nouveau round de négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis est prévu en juin.

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(Avec AFP)