Brexit avec ou sans deal : l'Union européenne et la Grande-Bretagne se donnent une dernière chance

Par latribune.fr  |   |  674  mots
(Crédits : HENRY NICHOLLS)
Bruxelles et Londres avaient jusqu'à aujourd'hui pour parvenir à un accord sur les échanges qu'entretiendront les deux entités une fois que la Grande-Bretagne aura quitté l'union douanière à la fin de l'année. Devant l'échec de discussions, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont annoncé dimanche la poursuite des négociations sur un accord post-Brexit.

C'était officiellement le dernier pour Bruxelles et Londres pour parvenir à un accord avant que la Grande-Bretagne, qui a quitté l'Union européenne le 31 janvier, ne quitte cette fois l'union douanière le 31 décembre à minuit. Mais, alors qu'aucun compromis n'a été trouvé jusqu'ici sur la nature des échanges qu'entretiendront les deux entités à partir de l'an prochain, les discussions vont continuer, a annoncé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

Dernière chance

"Nos équipes de négociateurs ont travaillé jour et nuit ces derniers jours. Et malgré la fatigue après quasiment un an de négociations, malgré le fait que des dates butoirs n'aient pas été respectées les unes après les autres, nous pensons qu'il est responsable à ce stade d'effectuer l'effort supplémentaire", déclarent les deux dirigeants. "Nous avons par conséquent chargé nos négociateurs de poursuivre les discussions et de voir si un accord peut être conclu même à ce stade tardif.

Histoire de donner une dernière chance à ce feuilleton commencé en juin 2016 avec le résultat du référendum britannique en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE. Mais la prolongation ne pourra être que "de quelques jours au maximum", avait averti le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune dans le Journal Du Dimanche.

Sans accord commercial, les échanges de la Grande-Bretagne avec l'UE se feront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d'un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus. Mais, Boris Johnson a prévenu dimanche qu'un échec des négociations commerciales post-Brexit avec l'Union européenne restait le scénario le "plus probable" malgré la décision du Royaume-Uni et de l'UE de poursuivre leurs discussions.

"Je dois répéter que la chose la plus probable maintenant est bien sûr que nous devons nous préparer à (un Brexit) aux conditions de l'Organisation mondiale du commerce", le 1er janvier, a déclaré le dirigeant conservateur à la télévision britannique.

Un pessimisme dans la lignée des propos ces derniers jours par les dirigeants des deux côtés.

Les discussions butent sur trois sujets

"Il faut être absolument clair: l'accord doit être juste et respecter la position fondamentale selon laquelle le Royaume-Uni sera une nation souveraine dans trois semaines", indiquait une source à Reuters, en qualifiant la proposition européenne d'"inacceptable".

Les discussions butent sur trois sujets: l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et surtout les conditions que les Européens exigent des Britanniques pour éviter toute concurrence déloyale.

 L'UE est prête à offrir à Londres un accès sans droits de douane ni quotas à son immense marché. Mais elle entend dans ce cas s'assurer que le Royaume-Uni ne se livrera pas à du dumping en s'écartant des normes environnementales, sociales, fiscales européennes ou de celles sur les aides d'Etat.

Si tel est le cas, elle veut pouvoir prendre des contre-mesures rapides, comme des droits de douane, sans attendre que le différend soit tranché dans le cadre d'une procédure d'arbitrage classique, afin de protéger ses entreprises. Londres s'y oppose fermement.

Pragmatique, la Commission a publié jeudi des mesures d'urgence pour maintenir, en cas de "no deal", le trafic aérien et le transport routier entre le Royaume-Uni et l'UE pendant six mois, ainsi que l'accès réciproque aux eaux de pêche pour un an.

Le ministère britannique de la Défense a annoncé que quatre navires patrouilleurs seraient prêts dès le 1er janvier à protéger les zones de pêche britanniques en cas de "no-deal".

Une absence d'accord pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement en Grande-Bretagne et provoquer une congestion des ports britanniques en raison du rétablissement de procédures douanières plus strictes.