Brexit : démission de l'ambassadeur britannique auprès de l'UE, en colère contre Londres

Par latribune.fr  |   |  403  mots
Ivan Rogers en compagnie de l'ancien Premier ministre David Cameron à Bruxelles, le 28 juin 2016.
Dénonçant le manque d'expérience des Britanniques en matière de négociations multinationales, Ivan Rogers a quitté son poste, mardi.

Les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne se feront sans Ivan Rogers. L'ambassadeur britannique auprès de l'UE, nommé en novembre 2013 par l'ancien Premier ministre David Cameron, a claqué la porte, mardi, moins de trois mois avant le déclenchement du Brexit. Une démission surprise qui dresse un nouvel obstacle sur la route de sortie de l'Union, pour le gouvernement de Theresa May.

"Il y a très peu d'expérience sérieuse pour ce qui est des négociations multilatérales à Whitehall (le quartier des ministères de Londres), ce qui n'est pas le cas à la Commission (européenne) ou au Conseil" européen, a regretté Ivan Rogers dans une long mail adressé au bureau qui représente le Royaume-Uni auprès de l'UE, pointant du doigt l'écart qu'il a observé entre la préparation de Londres et celle des institutions européennes pour négocier le Brexit.

Les ministres mis en garde

Fin connaisseur des dossiers européens, il avait été au cœur d'une polémique le mois dernier après la fuite de propos tenus devant des ministres britanniques. Il leur avait expliqué qu'aux yeux des 27 autres Etats membres de l'UE, la signature d'un nouvel accord commercial entre le Royaume-Uni et l'UE post-Brexit n'interviendrait pas avant une bonne dizaine d'années. "J'espère que vous continuerez à contrer les arguments infondés et les raisonnements confus et que vous n'aurez jamais peur de dire la vérité à ceux qui sont au pouvoir", a-t-il ajouté dans son mail publié sur le site du Times mardi soir. "J'espère que vous vous soutiendrez dans ces moments difficiles où vous devrez tenir un discours qui n'est pas agréable à entendre à ceux qui ont besoin de l'entendre."

Sans surprise, sa démission a été accueillie avec satisfaction par les partisans du Brexit, Nigel Farage en tête, qui a estimé mardi sur Twitter que le "Foreign Office a besoin d'un grand ménage".

"Sa démission n'est pas une surprise pour ceux qui travaillent avec lui", a commenté un diplomate européen. "Il était très compétent, mais pas convaincu par la décision d'un Brexit et la ligne du gouvernement britannique, qui entraînera le Royaume-Uni dans une zone d'incertitude dangereuse."