Brexit : le Parlement s’octroie un droit de veto, nouvel échec pour Theresa May

Par latribune.fr  |   |  478  mots
Pour Theresa May, le Parlement ne peut pas prétendre "lier les mains du gouvernement dans les négociations", ni "contrer la volonté du peuple britannique, de quitter l'UE". (Crédits : POOL)
Les Lords britanniques ont infligé lundi 18 juin une nouvelle défaite à la Première ministre Theresa May en adoptant, à une large majorité, un amendement offrant au Parlement un droit de veto sur l'accord final de Brexit, en cours de négociation entre Londres et Bruxelles. L'épilogue de cette bataille parlementaire est proche : mercredi, la Chambre des communes débattra de la formulation définitive de la loi sur le Brexit.

Nouveau désaveu pour Theresa May. La chambre des Lords a adopté lundi 18 juin, à une large majorité (354 voix contre 235) un amendement offrant au Parlement britannique un droit de veto sur l'accord final de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, en cours de négociation entre Londres et Bruxelles. Le texte va retourner mercredi devant les députés, qui pourraient bien infliger un nouveau camouflet à la Première ministre britannique.

En effet, plusieurs membres de sa majorité conservatrice ont annoncé leur intention de voter définitivement pour cet amendement, qui permettrait au Parlement de façonner le résultat de la future relation avec l'UE.

May d'abord confortée à Westminster

La semaine dernière, Theresa May était pourtant parvenue à faire rejeter la totalité des 15 amendements ajoutés par la chambre des Lords, majoritairement hostile au Brexit, dont le plus dangereux, le "meaningful vote" ("vote significatif", en français). Il prévoit que la Première ministre ne puisse pas signer l'accord de retrait de l'UE sans un vote formel du Parlement. Dans le cas où les députés n'accepteraient pas ce texte, ils pourraient alors très bien contraindre, par exemple, la Première ministre à organiser un nouveau référendum.

Bien entendu, le gouvernement de Theresa May n'en voulait pas, pas plus que ceux prévoyant le maintien du Royaume-Uni dans l'union douanière et le marché unique européen.

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"Nous pouvons faire tomber le gouvernement"

Ainsi, pour calmer la fronde des députés europhiles de son parti, la Première ministre avait promis un amendement de compromis. Sauf que celui-ci ne proposait qu'un vote consultatif aux parlementaires et non la possibilité de renvoyer le gouvernement à la table des négociations, en cas de désaccord sur les conditions de sortie de l'Union européenne. De quoi relancer la fureur des conservateurs europhiles, qui menacent de voter en faveur du "meaningful vote" mercredi.

« Cela nie totalement l'objet de l'amendement, qui était de donner la parole au députés", avait jugé le conservateur Dominic Grieve, l'un des leaders de la révolte, accusant May d'avoir renié sa promesse. Et de menacer : "Nous pouvons faire tomber le gouvernement".

Dimanche, Theresa May lui avait rétorqué qu'elle avait entendu les préoccupations du Parlement, mais qu'il ne pouvait pas prétendre "lier les mains du gouvernement dans les négociations", ni "contrer la volonté du peuple britannique, de quitter l'UE". Des propos allant dans le sens des conservateurs partisans d'une rupture franche avec l'UE, qui accusent les europhiles de vouloir dicter la marche à suivre et chercher, in fine, à s'opposer au processus du Brexit ou à le diluer.

Dans cette bataille parlementaire, qui du Parlement ou du gouvernement britannique aura la main sur les négociations finales avec Bruxelles sur le Brexit ?

(avec AFP)