Grabuge au Labour : Corbyn veut un "accès total" au marché unique après le Brexit

Le chef du Labour Party Jeremy Corbyn a provoqué la fureur chez les travaillistes pro-UE en annonçant, mardi 5 juin, le dépôt d'un amendement visant à prioriser l'accès au marché intérieur européen dans les négociations sur le Brexit. Ces derniers pensent que le parti devrait plutôt soutenir celui de la Chambre des Lords qui prévoit l'intégration du Royaume-Uni dans l'Espace économique européen (EEE). Ils menacent de passer outre les consignes de vote du Labour lors de l'examen du projet de loi, le 12 juin prochain, par la chambre basse du Parlement britannique.
La position de Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste et principale force d'opposition au Royaume-Uni, en faveur d'une renégociation de l'accès au marché unique européen, a creusé les fractures au sein du Labour.
La position de Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste et principale force d'opposition au Royaume-Uni, en faveur d'une renégociation de l'accès au marché unique européen, a creusé les fractures au sein du Labour. (Crédits : Hannah Mckay)

L'information a fait la Une du Times mercredi. Jeremy Corbyn, le chef de file du Parti travailliste (Labour) et son équipe dirigeante aurait l'intention de voter, la semaine prochaine, une motion appelant à un "accès total" de la Grande-Bretagne au marché unique de l'Union européenne et à des "institutions et réglementations communes" avec Bruxelles. Cette initiative devrait ainsi faire l'objet d'un amendement au projet de loi sur le retrait des Britanniques de l'UE qui sera à nouveau débattu par la Chambre des communes le 12 juin prochain.

Pour certains observateurs, il s'agirait d'une tentative - la plus forte jusqu'à présent -, du Labour pour obtenir le Brexit le plus "doux" possible. Mais c'est aussi (et surtout) un moyen d'unir le parti travailliste, depuis toujours divisé sur le Brexit. Et cela semble mal engagé : mercredi, le camp pro-UE du Labour a aussitôt rejeté la motion et a averti qu'il défierait les instructions de vote. Mais comment en sont-ils arrivés là ?

Une contre-proposition qui divise le camp des travaillistes

D'après The Guardian, cette initiative tombe à point nommé et refléterait une relative anxiété de la direction du Labour face à une révolte imminente des députés pro-UE.

Ces derniers souhaitaient appuyer l'amendement de la Chambre des Lords d'intégrer le Royaume-Uni à l'EEE, l'Espace économique européen (qualifié de "marché unique à la norvégienne"). Dans cette union, l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège jouissent de la liberté de circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes avec les 28 pays membres de l'Union européenne, et adoptent la plupart des règles du bloc. De facto, ils font ainsi partie du marché unique européen. Par contre, l'EEE n'est pas une union douanière.

Or, le cabinet fantôme de Jeremy Corbyn avait décidé, le mois dernier, de ne pas appuyer ledit amendement, provoquant la fureur chez les travaillistes europhiles.

Ces derniers considèrent que Corbyn a laissé passer la seule occasion d'obtenir un accord inter-partis sur cette question. En effet, rien ne garantit que les conservateurs se rallieront à la nouvelle proposition du Labour. Pas plus d'ailleurs que les députés travaillistes pro-UE, qui rejettent la nouvelle motion.

La direction du Labour accusée de "jouer à des jeux parlementaires"

Le vote de la semaine prochaine s'avère donc serré. Le site The Independent ose les pronostics : il y aurait assez de députés rebelles chez les conservateurs pour que la motion soit adoptée, si les travaillistes la soutenait également. Or, toujours selon le quotidien britannique, ces derniers seraient 65 à être prêts à voter contre la direction du parti.

Chris Leslie, un des députés travaillistes pro-UE, a fait part de sa frustration :

"Il y a une forte probabilité que l'héritage de Jeremy Corbyn sera d'avoir facilité le Brexit (...) Les Lords ont offert une occasion en or de changer les objectifs de négociation du gouvernement. Manquer cette occasion historique serait absolument impardonnable (...) On a l'impression que le Labour préfère jouer à des jeux parlementaires plutôt que de saisir cette occasion".

Un amendement justifié pour préserver les emplois

Keir Starmet, porte parole du Labour, mais aussi secrétaire d'État chargé du Brexit au sein dudit cabinet fantôme de Corbyn, défend que le nouvel amendement pour "un marché intérieur renégocié" permettrait de conserver tous les avantages du marché unique et de préserver les emplois.

"Contrairement aux conservateurs, le Labour ne sacrifiera pas les emplois et l'économie dans la poursuite d'une interprétation imprudente et extrême du résultat du référendum", a-t-il dit. "L'amendement du Parti travailliste, ainsi que l'engagement à négocier une nouvelle union douanière complète avec l'UE, constituent un ensemble solide et équilibré qui conserverait les avantages du marché unique."

Et d'ajouter :

"Les accords de marché unique existants que l'UE a négociés avec des pays tiers, y compris la Norvège, sont des accords sur mesure pour servir au mieux les intérêts de ces pays. Nous devons apprendre d'eux et négocier notre propre accord, qui serviront nos intérêts économiques et qui empêcheront une frontière dure en Irlande du Nord."

Sur l'antenne de la BBC, ce dernier a avoué mercredi que "la seule façon de gagner un vote, c'est de s'unir et de voter ensemble en même temps". Ce n'est pas gagné.

Commentaires 8
à écrit le 08/06/2018 à 8:42
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Ce brexit est une vrai ânerie, ils ne savent plus comment faire pour continuer à avoir le beurre et l'argent du beurre. Quel bazar! Ils veulent brexit et un accès total au marché unique....ben voyons!

le 08/06/2018 à 10:04
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Si cette administration hors-sol qu'est l'UE de Bruxelles l'accepte ! Pourquoi pas?

à écrit le 07/06/2018 à 18:38
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Pour être honnête, toutes ces positions deviennent trop subtiles pour moi et même pour mes amis britanniques qui sont assez décontenancées par le déroulement des opérations de négociations, par les positions des différents partis et par les tiraille...

le 08/06/2018 à 10:08
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Cette administration hors-sol qu'est l'UE de Bruxelles tire toute les ficelles qu'elle peuvent tirer pour éviter le succès d'un Brexit et d'avoir le mauvais rôle dans l'histoire

à écrit le 07/06/2018 à 15:48
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Cobyn a entièrement raison et va gagner les prochaines élections anticipées qui ne tarderont pas vu l'impasse dans laquelle est May, les conservateurs et la droite blairiste du parti travailliste!

à écrit le 07/06/2018 à 15:45
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Décidément ils ne sont pas plus intelligents à gauche là-bas que chez nous. Mais enfin, si on regarde la cascade de subventions en tout genre qui pourrait s'arrêter, on peut comprendre les angoisses de certains.

le 07/06/2018 à 21:46
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Et les gains ...??!

à écrit le 07/06/2018 à 8:36
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Quand on se dit préoccupé par les intérêts du peuple il est évident qu'il faut éloigner le plus possible l'influence financière néfaste de l'union européenne, tout ces gens bouffés par leur avidité et leurs incompétences crasses. Enfin une volont...

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