Brexit : le sacrifice de Theresa May suffira-t-il à faire passer le texte ?

Par latribune.fr  |   |  663  mots
(Crédits : Reuters)
Theresa May a promis mercredi de quitter son poste de Premier ministre avant l'ouverture de la nouvelle phase de négociation avec l'Union européenne, si son accord de Brexit était adopté par le Parlement. Le texte devrait être soumis au vote pour la troisième fois vendredi. Si plusieurs députés eurosceptiques disent qu'ils vont finalement l'approuver, le DUP, le parti unioniste nord-irlandais, se prononcera contre.

Prenant la main sur le gouvernement, la Chambre des communes a procédé mercredi à une série de "votes indicatifs" sur le Brexit, se prononçant sur huit options possibles. Aucune n'a obtenu de majorité. Theresa May a pour sa part proposé de renoncer à sa fonction de Premier ministre "plus tôt qu'elle l'imaginais", soit avant l'ouverture de la nouvelle phase de négociation avec l'Union européenne, si le plan de retrait négocié avec Bruxelles était finalement adopté par le Parlement.

Mais la partie est loin d'être gagnée. Par deux fois déjà, les 15 janvier et 12 mars, le texte a été repoussé par les parlementaires. Un troisième vote pourrait avoir lieu vendredi, mais le Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord, dont les dix élus sont indispensables à la majorité parlementaire du gouvernement, a fait savoir qu'il rejetterait une nouvelle fois cet accord.

Les nord-irlandais du DUP toujours hostiles au texte

En mettant sa démission dans la balance, la dirigeante conservatrice a certes rallié à sa cause certains Brexiters du Parti conservateur, à commencer par Boris Johnson, qui a annoncé dans le Telegraph qu'il soutiendrait l'accord. Jacob Rees-Mogg, qui dirige l'European Research Group (ERG), groupe eurosceptique des Tories, a indiqué pour sa part qu'il soutiendrait l'accord de retrait si le DUP s'abstenait. « Je soutiendrai le DUP s'ils s'y opposent toujours », a-t-il déclaré tard mercredi soir à la chaîne britannique ITV.

Cependant, leur volte-face ne devrait pas suffire puisque le DUP, le parti unioniste nord-irlandais - dont le soutien est crucial -, a déclaré qu'il s'opposerait une nouvelle fois au plan.

« L'abstention serait la pire des solutions parce qu'elle signifie que vous ne dites pas vraiment quelle est votre position sur la question la plus importante de notre époque, elle n'a donc jamais été une option », a fait savoir Arlene Foster, la dirigeant du DUP dans une interview accordée à la radiotélévision irlandaise RTE ce jeudi. « On ne peut pas s'abstenir sur l'union, on ne peut tout simplement pas faire cela. »

Depuis la publication de l'accord de retrait, à l'automne dernier, le DUP est vent debout contre le "backstop" nord-irlandais, cette clause de dernier recours qui s'appliquera, faute de mieux, pour éviter le rétablissement d'une frontière "physique" entre la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.

Les huit scénarios alternatifs rejetés

Mercredi, aucune des huit motions n'a obtenu de majorité, certaines d'entre elles étant même sèchement rejetées, notamment celles prônant des liens plus étroits avec l'Union européenne que ceux envisagés par Theresa May.

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[Résultats du vote du Parlement britannique le 27 mars 2019. Crédit: Statista*. Sources: Chambre des Communes]

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Dans le détail, le Parlement a voté contre l'adhésion du Royaume-Uni au marché unique européen, contre la participation du pays à l'Espace économique européen (EEE), contre l'union douanière, contre l'annulation du Brexit par révocation de l'article 50, contre l'organisation d'un référendum de confirmation pour tout accord de divorce et encore contre le "no-deal".

Les députés devraient procéder à de nouveaux votes indicatifs lundi, après avoir affiné les options proposées dans le but de garantir une majorité.

Le député Letwin croit encore à sa voie parlementaire

Si Theresa May, après ses premiers échecs des 15 janvier et 12 mars, échoue une fois encore à faire ratifier ce vendredi l'accord de retrait, le député conservateur Oliver Letwin, architecte de la prise de contrôle temporaire du Parlement sur la procédure de divorce avec les Européens, pense que cette "voie parlementaire" produira un résultat lundi.

« Je pense qu'à un moment ou un autre, nous devrons soit approuver un accord, soit accepter de trouver une alternative si nous voulons éviter un 'no deal' le 12 avril, qui est pour le moment je pense l'issue la plus probable », a-t-il déclaré ce jeudi matin au micro de la BBC.

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

(avec Reuters)