Brexit : les dirigeants européens accordent un sursis à Theresa May

Par Reuters  |   |  550  mots
La Première ministre britannique Theresa May. (Crédits : Reuters)
Les dirigeants européens ont averti, ce vendredi 22 mars, le Royaume-Uni qu’il disposait d'une dernière chance de quitter l'Union européenne de façon ordonnée, après avoir accordé à la Première ministre Theresa May un délai de deux semaines jusqu'au 12 avril.

Après avoir échoué à deux reprises à faire ratifier, par la Chambre des communes anglaise, l'accord sur le Brexit conclu quatre mois plus tôt avec l'Union européenne, la Première ministre britannique Theresa May a obtenu de l'Europe, ce vendredi 22 mars, un sursit jusqu'au 12 avril prochain. C'est réuni au Conseil européen, à Bruxelles, et après sept heures de discussion que les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement hors Royaume-Uni ont ainsi reporté la date du Brexit du 29 mars au 22 mai - si la Chambre des communes ratifie l'accord de retrait la semaine prochaine - et au 12 avril dans le cas contraire.

A moins de deux cents heures de la date prévue jusqu'ici du Brexit, le 29 mars, Theresa May était venue quérir à Bruxelles un report du divorce au 30 juin. Elle cherchait aussi à éviter un « no deal » chaotique, contre lequel ont aussi voté les députés britanniques, à la mi-mars. Si les préparations en vue d'une éventuelle sortie désordonnée du Royaume-Uni se poursuivent, a souligné le Premier ministre belge  Charles Michel, en cas de départ sans accord, le Royaume-Uni ferait immédiatement face à des barrières commerciales et réglementaires. "C'est peut-être la dernière chance pour le Royaume-Uni de dire ce qu'il veut pour l'avenir", a dit Charles Michel. "Plus que jamais, c'est entre les mains du Parlement britannique." "Nous voulions soutenir May et nous l'avons montré", a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.

Pour Emmanuel Macron, Theresa May "a 10 % de chance" de réussir

 A son arrivée jeudi au deuxième jour du Conseil européen, à Bruxelles, le Premier ministre belge a dit espérer une décision "rationnelle" des parlementaires britanniques débouchant sur la ratification de l'accord de retrait, rejeté deux fois à la Chambre des communes. Raison pour laquelle elle n'assiste pas vendredi au Conseil européen et tentera de rallier des soutiens en vue d'une ratification, toujours très hypothétique, de l'accord de retrait au Parlement.

"Il appartient aux Britanniques de lever les ambiguïtés qui sont les leurs, nous, nous n'en avons pas", a déclaré pour sa part le président français, Emmanuel Macron, jeudi soir, en soulignant que les Européens ne pouvaient être accusés d'avoir poussé le Royaume-Uni vers une sortie désordonnée. "Tout est maintenant entre les mains de la Chambre des communes. C'est le message", a dit un haut responsable européen.

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Le député britannique conservateur eurosceptique Craig MacKinlay a jugé vendredi "très très peu probable" un vote positif à la Chambre des communes, sur la radio-télévision nationale irlandaise RTE. Selon plusieurs sources, les dirigeants européens n'ont guère d'espoir sur ce point. Emmanuel Macron a, selon ces sources, déclaré à huis clos qu'il estimait, avant d'arriver à Bruxelles, à 10% les chances de Theresa May de faire approuver l'accord. Après avoir écouté la Première ministre, il a revu son estimation à 5%, selon ces mêmes sources. D'après une personne présente à la réunion, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a réagi en déclarant qu'Emmanuel Macron était "très optimiste", ce que l'assemblée a approuvé.