Brexit : les discussions reprennent sur fond de tensions politiques à Londres

Par latribune.fr  |   |  638  mots
Le discours désastreux de Theresa May lors du congrès annuel de son Parti conservateur mercredi dernier à Manchester et la fronde d'une trentaine de députés conservateurs n'ont pas contribué depuis à redonner de l'optimisme aux négociateurs.
Les équipes britanniques et européens se rencontrent pour la cinquième fois depuis juin ce lundi, pour une semaine de discussions allégée. Ne croyant guère à une avancée décisive des négociations avant le Conseil européen des 19 et 20 octobre prochains, Bruxelles a les yeux rivés sur Londres, où Theresa May est en grande difficulté.

Négociateurs européens et britanniques se retrouvent lundi à Bruxelles pour leur cinquième session de discussions sur les termes du Brexit. Sans grand optimisme. La Commission européenne ne s'attend pas à une avancée majeure de nature à permettre à Michel Barnier, le négociateur en chef des Européens, de recommander l'ouverture de la seconde phase des négociations, qui porteront sur le cadre de la future relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Cette décision dépendra des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, dont le prochain sommet est prévu les 19 et 20 octobre. Dans cette optique, le Parlement européen a recommandé l'ajournement de l'évaluation des progrès réalisés

Mais pour lancer la seconde phase, les Européens attendent des avancées sur les modalités du divorce (la première phase), et notamment sur les trois principaux préalables posés par l'Union européenne (solde de tout compte, droits des ressortissants européens au Royaume-Uni et britanniques dans l'UE, frontière nord-irlandaise).

"Nous n'avons pas encore réalisé aujourd'hui sur ces trois sujets le 'progrès suffisant' pour entamer en toute confiance la deuxième phase de la négociation", a dit Michel Barnier cette semaine devant le Parlement européen.

Signaux contradictoires

L'agenda de cette cinquième session de négociation est plus léger que les précédents "rounds". Aucune rencontre en public n'est prévue à son ouverture entre Michel Barnier et David Davis, le ministre britannique du Brexit, et aucune discussion n'a été programmée pour la journée de mercredi.

Le 28 septembre dernier, à l'issue du quatrième tour de négociations, Barnier avait fait état d'une "nouvelle dynamique" insufflée par le discours de Theresa May à Florence, où la Première ministre britannique s'est prononcée pour la première fois en faveur d'une période de transition d'environ deux ans après le divorce et s'est efforcée de rassurer les Européens sur le respect des engagements budgétaires de Londres.

Mais dès le lendemain à Tallinn, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, relevait qu'il faudrait des "miracles" pour passer à la seconde phase des négociations dès le Conseil européen des 19 et 20 octobre.

Pas d'accord ? "C'est le sentiment qui progresse"

Le discours désastreux de Theresa May lors du congrès annuel de son Parti conservateur mercredi dernier à Manchester et la fronde d'une trentaine de députés conservateurs n'ont pas contribué depuis à redonner de l'optimisme aux négociateurs. Et la crise politique britannique pourrait franchir un nouveau cap: le Sunday Times rapporte dimanche que la dirigeante conservatrice n'exclut pas de rétrograder son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson. Ce dernier a exposé en septembre sa vision d'un "Brexit glorieux" perçue par de nombreux observateurs comme une attaque dirigée contre la politique de May.

Face à cette incertitude, diplomates et fonctionnaires européens ont accentué les préparatifs en prévision d'un divorce sans accord, qui semble gagner en crédibilité. "C'est le sentiment qui progresse", confirme un haut responsable européen. "Il faut intégrer le fait qu'il ne s'agit pas d'un processus rationnel", ajoute-t-il, assurant qu'économiquement, la victoire du camp du Brexit lors du référendum de juin 2016 n'avait déjà pas beaucoup de sens.

"Il n'est donc pas improbable que les Britanniques fuient à nouveau les impératifs économiques et que nous finissions par sauter dans le vide faute d'accord politique", ajoute-t-il.

Pour l'heure, les dirigeants européens ne peuvent faire guère plus qu'observer le déroulement des choses à Londres et spéculer sur la capacité de Theresa May à se maintenir au pouvoir. "Qui sait si nous aurons encore un interlocuteur lors du sommet des 19 et 20 octobre", s'est interrogé ce week-end un responsable européen.

(Avec Reuters)