Brexit : Theresa May réclame un report "jusqu'au 30 juin", le ton se durcit à Bruxelles

Par Reuters  |   |  582  mots
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La Première ministre britannique Theresa May a adressé ce mercredi un courrier à ses partenaires européens pour demander une brève prolongation de l'article 50 du Traité européen, "jusqu'au 30 juin 2019". Les 27 Etats membres de l'Union européenne décideront, lors du sommet de jeudi et vendredi, s'ils acceptent ou non ce report, et à quelles conditions.

[Article publié le 20.03.2019 à 9h26, mis à jour à 13h25 avec la déclaration de Theresa May]

La Première ministre britannique Theresa May a formellement demandé par écrit, ce mercredi, un report du Brexit "jusqu'au 30 juin 2019" au président du Conseil européen, Donald Tusk. Une prolongation courte, avec pour but de permettre à la Grande-Bretagne de ne pas participer aux prochaines élections européennes de mai prochain.

Il appartient désormais aux 27 Etats membres de l'Union européenne, réunis jeudi et vendredi en Conseil européen, de décider s'ils accordent ou non cette prolongation. Mais Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE, a déjà averti que cela n'aura de sens que si ce report accroît les chances de ratification de l'Accord de retrait, négocié entre Theresa May et les partenaires européens.

May paralysée par une crise constitutionnelle

A dix jours de la date prévue à l'origine pour le Brexit et à deux jours d'un sommet européen, les principaux ministres du cabinet britannique se sont réunis mardi dans la matinée pour débattre des conséquences de la décision du président de la Chambre des communes, John Bercow, de refuser de soumettre aux voix des élus un Accord de retrait similaire à ceux qui ont déjà été rejetés par deux fois au Parlement. A l'issue de la réunion, la journaliste politique de la BBC Laura Kuenssberg, citant des sources au sein du gouvernement, a écrit sur Twitter que Theresa May allait demander un report du Brexit "jusqu'à la fin juin", avec une option de prolongation pendant une durée maximum de deux ans.

En réalité, la décision de John Bercow a bouleversé les plans de la chef de l'exécutif. Elle avait espéré faire ratifier son accord avant le Conseil européen de jeudi et vendredi à Bruxelles, et lors duquel la question d'un report sera discutée par les 27.

Les partenaires européens du Royaume-Uni examinent deux options principales : un délai de deux à trois mois si Theresa May les persuade qu'elle peut trouver un accord à la Chambre des communes, ou une prolongation bien plus longue si elle accepte de se remettre au travail pour tenter de sortir de l'impasse.

Paris prêt à opposer son veto à un report injustifié

Allant dans le sens de Michel Barnier, une source à la présidence française a néanmoins averti auprès de Reuters que toute éventuelle extension de l'article 50 suppose que le Royaume-Uni la justifie sérieusement. La demande "devra comporter un plan susceptible de rallier une majorité au Parlement britannique, et garantir les intérêts européens".

La France s'illustre ainsi par une certaine clarté de ses mises en garde, alors que d'autres capitales, comme Berlin, mettent en avant leur volonté d'œuvrer jusqu'à la dernière minute pour éviter une sortie désordonnée du Royaume-Uni le 29 mars.

"Pas de décision" à attendre sur le Brexit au sommet de l'UE (Juncker)

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a rappelé quant à lui que Theresa May devait venir au sommet de Bruxelles avec des propositions claires et précises sur ce qu'elle entend faire pour parvenir au Brexit.

"Il n'y aura pas de renégociations, pas de nouvelles négociations, pas de garanties supplémentaires en plus de celles déjà données (...) Nous avons concédé beaucoup de choses à la Grande-Bretagne, nous ne pouvons pas faire plus", a-t-il dit à la radio allemande Deutschlandfunk.