Brexit : une députée britannique pro-UE assassinée, la campagne suspendue

Par latribune.fr  |   |  669  mots
Jo Cox, diplômée de l'université de Cambridge, avait travaillé pendant dix ans pour l'ONG de lutte contre la pauvreté Oxfam avant d'être élue députée en 2015.
Jo Cox, élue travailliste de 41 ans favorable au maintien de son pays au sein du bloc communautaire de l'Union européenne, est décédée à la suite d'une agression par arme à feu. Son assassin aurait crié un slogan pro-Brexit avant de tirer.

Assassinée pour ses idées, Jo Cox ne connaîtra pas les résultats du référendum du 23 juin. La députée britannique a été mortellement blessée par balle en pleine rue, jeudi dans le nord de l'Angleterre, provoquant une vague d'émotion dans le pays et la suspension de la campagne électorale en vue du référendum sur l'avenir du Royaume-Uni dans l'Union européenne.

L'élue travailliste de 41 ans, favorable au maintien de son pays au sein du bloc communautaire, a été agressée alors qu'elle se préparait à tenir sa permanence électorale hebdomadaire à Birstall, près de Leeds, une localité de sa circonscription.

Jo Cox, diplômée de l'université de Cambridge, avait travaillé pendant dix ans pour l'ONG de lutte contre la pauvreté Oxfam avant d'être élue députée en 2015 et elle était considérée comme l'une des étoiles montantes dans le camp travailliste. Elle était connue pour son engagement en faveur des femmes et pour sa participation à des oeuvres caritatives. Elle avait contribué en 2008 à la campagne électorale de Barack Obama.

L'agresseur serait un militant d'extrême droite

D'après les médias britanniques, l'agresseur, qui a été arrêté, a ouvert le feu sur la députée et l'a poignardée dans des circonstances encore confuses. Hospitalisée à Leeds dans un état grave, Jo Cox a succombé peu après à ses blessures.

La police du West Yorkshire a annoncé l'arrestation d'un homme de 52 ans. La police, qui s'est dite "ne pas être en mesure d'évoquer un quelconque mobile à ce stade", a expliqué travailler sur un incident isolé. Selon des témoignages recueillis par la presse locale, l'agresseur a crié "Britain First" (La Grande-Bretagne d'abord), nom d'une organisation de droite qui se décrit elle-même comme "un parti politique patriote et une organisation de défense de rue".

Jayda Fransen, numéro 2 de Britain First, a qualifié cette agression d'"absolument abjecte" et a souligné que l'expression "Britain first" était également un slogan employé par les partisans du Brexit dans leur campagne électorale.

Un à deux jours d'arrêt pour la campagne

L'Union Jack flottant au-dessus des chambres du Parlement à Londres a été mis en berne et des centaines d'habitants de Birstall ont assisté à une veillée funèbre. Le Premier ministre David Cameron a annulé un déplacement à Gibraltar et déploré une "tragédie".

"C'était une députée engagée et dévouée. Mes pensées vont à son époux Brendan et à leurs deux jeunes enfants."

Brendan Cox a déclaré que son épouse aurait "souhaité deux choses par-dessus tout: que ses enfants soient entourés d'amour et que tout le monde s'unisse contre la haine qui l'a tuée".

Partisans et adversaires de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ont suspendu leur campagne pour la journée, voire pour vendredi dans le cas des défenseurs du maintien ("Remain"). Aucun commentateur ne s'est hasardé à prédire l'impact de cet événément sur le résultat du référendum même si certains analystes parient qu'il favorisera le camp du "Remain", qui a cédé du terrain face au camp du "Brexit" dans les sondages de ces derniers jours. En baisse depuis plusieurs jours, la livre sterling a ainsi repris des couleurs face au dollar après le meurtre. Et l'institut d'enquête BMG a repoussé d'une journée, à samedi, le résultat d'un sondage sur les intentions de vote à moins d'une semaine du référendum.

Une première depuis 26 ans

C'est la première fois qu'un parlementaire britannique est tué depuis 1990, année de la mort du député Ian Gow, visé par une bombe placée par l'Armée républicaine irlandaise (IRA) sous son véhicule.

La dernière agression visant un parlementaire britannique remonte à 2010 : l'ancien ministre travailliste Stephen Timms avait été poignardé à l'abdomen à son bureau dans l'est de Londres par un étudiant furieux de son soutien à la guerre en Irak.

(avec Reuters)