Budget italien : Bruxelles ouvre la voie à des sanctions contre l'Italie

Par latribune.fr  |   |  584  mots
(Crédits : Alessandro Bianchi)
La Commission européenne a justifié mercredi 21 novembre l'ouverture d'une procédure de sanction visant Rome par le non-respect des critères européens en matière de réduction de la dette publique. Mais le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini a assuré que l'Italie ne reculera par sur le budget, qui prévoit (toujours) sur un déficit de 2,4% en 2019.

La Commission européenne a franchi le premier pas vers une procédure de sanction à l'encontre de l'Italie mercredi 21 novembre, jugeant que le projet de budget 2019 élaboré par Rome ne respectait pas les règles en vigueur dans l'Union. Mais le gouvernement italien a réaffirmé n'avoir aucune intention de modifier le texte, au risque de prolonger la confrontation avec Bruxelles et de se voir infliger des amendes.

En théorie, l'Italie pourrait se voir infliger une amende représentant 0,2% de son PIB (soit 3,4 milliards d'euros en prenant les chiffres de 2017) si la procédure est menée jusqu'à son terme.

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs ! Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, se dit persuadé qu'un accord finirait pas être trouvé entre la Commission européenne et Rome - le dialogue est aujourd'hui "plus nécessaire que jamais".

"Il est hors de question de prendre de mesures sans échanger, sans tenter jusqu'au bout de corriger les choses, sans tenter de rapprocher les points de vue."

L'objectif d'un déficit de 2,4% n'est "pas négociable"

Pour la Commission, le budget de relance du cabinet de Giuseppe Conte, qui prévoit de creuser le déficit l'an prochain à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) contre 1,8% prévu cette année, constitue un "manquement particulièrement grave" aux recommandations de l'UE. Elle estime donc justifiée une procédure pour déficit excessif, en arguant du fait que la dette publique de l'Italie, qui représente déjà plus de 130% de son PIB, ne baissera pas l'an prochain, contrairement à ce qu'imposent les règles communautaires.

"Le critère de la dette (...) doit être considéré comme non-respecté et (...) une procédure de déficit excessif fondée sur la dette est donc justifiée", a déclaré le vice-président de l'exécutif communautaire Valdis Dombrovskis lors d'une conférence de presse. "Les pays de la zone euro sont tous dans la même équipe et doivent jouer selon les mêmes règles."

De son côté, le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini a indiqué que toute sanction européenne visant Rome serait une marque "d'irrespect" à l'égard des Italiens. "Nous sommes convaincus par les chiffres de notre budget. Nous en parlerons dans un an", a-t-il dit à des journalistes après l'annonce de la décision de Bruxelles.

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Pour la Ligue, le spread italien baisserait si la BCE prolongeait le "quantitative easing"

Le président du Conseil, Giuseppe Conte, s'est quant à lui dit particulièrement préoccupé par l'évolution de l'écart de rendement ("spread") entre les emprunts d'Etat italiens et allemands, ajoutant que le gouvernement y répondrait par des réformes. Après ses propos, il a nettement reculé, revenant sous 311 points de base contre près de 320 points un peu plus tôt.

Pour le porte-parole de la Ligue Claudio Borghi, les rendements obligataires italiens ne sont pas liés au budget et baisseraient d'un coup si le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi annonçait une prolongation du programme d'achats d'actifs mené depuis trois ans.

La BCE a, en effet, prévu d'arrêter fin décembre ses achats d'obligations dans le cadre du programme d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", QE), auquel elle aura consacré plus de 2.600 milliards d'euros depuis 2015 pour stimuler l'activité et l'inflation dans la zone euro.

(avec Reuters)