Cameron attaque les pro-Brexit mais échoue à rallier Boris Johnson

Par latribune.fr  |   |  764  mots
Le maire de Londres a confié avoir eu beaucoup de mal à prendre cette décision, lui qui a dit "aimer l'Europe" et la ville de Bruxelles, où il a longtemps vécu.
Le premier ministre britannique a tenté de rallier à sa cause anti Brexit le charismatique maire de Londres. Peine perdue. Boris Johnson a annoncé son soutien à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé dimanche le charismatique maire de Londres Boris Johnson à ne pas rejoindre le camp des pro-Brexit, qu'il a attaqué frontalement à quatre mois du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE.

"Je voudrais dire à Boris ce que je dis à tout le monde, à savoir que nous serons plus en sécurité, plus forts et plus prospères dans l'Union européenne", a déclaré le dirigeant conservateur dans l'émission politique dominicale de la BBC.

Johnson, un soutien perdu pour Cameron

"La perspective de collaborer avec (le chef du parti europhobe Ukip) Nigel Farage et (l'ex-député) George Galloway et de faire un saut dans l'inconnu n'est pas la bonne voie pour notre pays", a-t-il ajouté, en référence à ces figures de proue de la campagne pro-Brexit.  Peine perdue pour Cameron:  Le charismatique maire de Londres, le député conservateur Boris Johnson, a annoncé dimanche qu'il ferait campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE, un revers pour le Premier ministre David Cameron quatre mois avant le référendum sur la question.

"Je ferai campagne pour partir" de l'Union européenne, a annoncé Boris Johnson dans une allocution devant son domicile à Londres, tout en précisant qu'il ne participerait pas à des débats télévisés contre son parti. "Compte tenu du temps qu'il avait, (David Cameron) s'est très bien débrouillé" dans sa renégociation avec ses partenaires européens, a salué M. Johnson. "Mais je pense que personne ne peut prétendre que (cet accord) est une réforme fondamentale de l'UE ou de la relation de la Grande-Bretagne avec l'UE", a-t-il ajouté.

Le maire de Londres a confié avoir eu beaucoup de mal à prendre cette décision, lui qui a dit "aimer l'Europe" et la ville de Bruxelles, où il a longtemps vécu.

Quatre mois pour convaincre

Le Premier ministre a quatre mois pour convaincre ses compatriotes du bien-fondé de l'accord qu'il vient de négocier à Bruxelles pour renforcer le "statut spécial" du Royaume-Uni dans l'UE. Selon le premier sondage réalisé depuis l'accord pour le Mail on Sunday, 48% des Britanniques interrogés ne veulent pas quitter l'UE, 33% sont pro-Brexit et 19% sont encore indécis.
Avec ce référendum, David Cameron joue sa place dans l'Histoire, d'autant plus qu'un Brexit provoquerait l'organisation d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Écosse, comme l'a rappelé dimanche la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon.


L'indépendance de l'Ecosse en question

-"Si nous sortons de l'Union européenne, cela déclencherait une demande pour un second référendum sur l'indépendance", a-t-elle indiqué sur la BBC. Lors du premier référendum organisé en septembre 2014, le Non à l'indépendance l'avait emporté à 55% des voix.
Conscient des enjeux, David Cameron a lancé toutes ses forces dans la bataille dimanche, profitant de cette émission de la BBC, très regardée, pour attaquer frontalement les pro-Brexit, qui arguent que le Royaume-Uni serait plus souverain en dehors du bloc des 28.

"Une illusion de souveraineté"


En quittant l'UE, le Royaume-Uni n'aura qu'une "illusion de souveraineté", a martelé le dirigeant, annonçant le dépôt prochain d'un projet de loi visant à protéger la souveraineté du Parlement britannique.

"La souveraineté signifie être vraiment en mesure de faire les choses", a-t-il ajouté. "Si vous ne pouvez pas obtenir l'accès au marché unique pour vos entreprises, si vous ne pouvez pas assurer la sécurité des gens (...), alors vous êtes moins maître de votre destin."

Rester dans l'UE, c'est s'exposer à des attentats...

Mais pour le ministre du Travail Iain Duncan Smith, pro-Brexit, rester dans l'UE exposerait au contraire le Royaume-Uni à des attentats comme ceux du 13 novembre à Paris: "L'ouverture des frontières ne nous permet pas de contrôler les gens qui peuvent venir et passer du temps ici. Nous voyons bien ce qui s'est passé à Paris", a-t-il déclaré à la BBC, bien que le Royaume-Uni, étant hors espace Schengen, maintienne le contrôle de ses frontières.

De son côté, David Cameron a prévenu des "années d'incertitude" qui suivraient un Brexit, avec "à la fin de ce processus, aucune garantie que nos entreprises auront un accès complet au marché" européen.

De plus, si le Royaume-Uni parvient à conserver l'accès au marché unique, il devra non seulement accepter les règles de ce marché sans avoir un droit de regard sur elles, mais il devra aussi accepter la libre circulation des personnes et contribuer au budget européen, a-t-il rappelé, comme c'est le cas pour la Norvège.
AFP