Crise migratoire : le bras de fer se durcit entre Bruxelles et l'Italie

Par latribune.fr  |   |  563  mots
Les tensions entre l'Italie et ses partenaires européens se sont accrues depuis l'arrivée au pouvoir début juin à Rome de la coalition formée par la Ligue et les contestataires du Mouvement 5 Etoiles. Matteo Salvini a affirmé à plusieurs reprises que l'Italie, où plus de 650.000 migrants ont débarqué depuis 2014, "ne serait plus le camp de réfugiés de l'Europe" (Crédits : Antonio Parrinello)
Le vice-président du Conseil italien et leader du mouvement Cinq étoiles, Luigi di Maio, et le ministre de l'Intérieur et chef de file de la Ligue (extrême-droite) Matteo Salvini, ont menacé vendredi de réduire la contribution italienne au budget européen tant que la question migratoire ne serait pas résolue .

Le Commissaire européen à la Migration Dimitris Avramopoulos a estimé que les attaques de l'Italie contre l'Union européenne, accusée d'absence de solidarité dans la gestion des migrants, revenaient à "se tirer une balle dans le pied".

"Je pense que les hommes politiques de votre pays devraient comprendre que vous n'êtes pas seuls en ce moment, que l'Europe cherche à vous aider. Au contraire, qui attaque l'UE se tire une balle dans le pied", a-t-il estimé dans une interview publiée dimanche par le quotidien La Repubblica (gauche).

Menaces de représailles

Les hommes forts du gouvernement italien, Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite) et Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), menacent depuis plusieurs jours l'UE de représailles, essentiellement sur le plan de la participation italienne au budget communautaire en raison de l'affaire des migrants sur le Diciotti.

Environ 150 migrants sont restés bloqués pendant des jours sur le navire des gardes-côtes italiens Diciotti dans le port sicilien de Catane, aucun pays européen n'ayant accepté d'en accueillir une partie.

Les migrants ont finalement débarqué dans la nuit de samedi à dimanche à la suite de l'accord de l'Eglise italienne, de l'Albanie et de l'Irlande de se répartir ces personnes.

"La Commission dit clairement non aux menaces, elles sont inacceptables. Tous les gouvernements sont tenus de respecter les obligations qui découlent de l'appartenance à l'UE", a poursuivi M. Avramopoulos. "Nous ne pouvons pas aller de l'avant avec des solutions ad hoc pour chaque navire. Le phénomène migratoire ne s'arrêtera pas rapidement donc nous devons le gérer tous ensemble comme une unique famille européenne", a ajouté le commissaire européen.

Dimanche à Bruxelles, M. Avramopoulos a salué le débarquement des migrants qui se trouvaient à bord du Diciotti, rappelant encore une fois que l'UE "a besoin de mesures structurelles" pour gérer les questions liées à l'immigration.

M. Di Maio, également vice-Premier ministre, comme Matteo Salvini, est cependant monté au créneau une nouvelle fois dimanche, réitérant ses menaces à l'UE.

"Dans la programmation européenne (des fonds communautaires, ndlr) l'Italie a le droit de mettre son veto car elle a le droit d'être écoutée. Si leur système de solidarité fonctionne comme ça (comme dans le cas du Diciotti, ndlr) nous ne donnerons plus un euro à l'UE", a-t-il dit dans une interview télévisée.

Les élections européennes en vue

"Les bureaucrates européens doivent prendre conscience qu'ils ont les heures comptées, aux prochaines élections européennes (en mai 2019, ndlr) ils seront balayées. Ce sera un séisme encore plus fort que les élections italiennes du 4 mars" qui ont vu la victoire des antisystème, a ajouté M. Di Maio.

Il a cependant estimé que lors de la prochaine arrivée de migrants, "les autres pays devront donner un coup de main". "Nous ne faisons pas de la politique sur la peau des migrants. Quand un autre navire arrivera, nous les aiderons, comme toujours, mais d'autres pays devront nous donner un coup de main", a-t-il dit, sans préciser s'il pensait à des Etats-membres de l'UE.

L'Albanie a offert samedi d'accueillir 20 personnes parmi celles présentes sur le Diciotti, tandis que la presse fait état de contacts du gouvernement italien dans ce domaine avec la Serbie et le Monténégro également.

(Avec AFP)