Gouvernement italien : équilibre entre populistes, un anti-euro aux Affaires européennes

Le nouveau gouvernement italien, annoncé jeudi, est une équipe resserrée de 18 ministres, dont (seulement) cinq femmes, qui respecte l'équilibre entre les deux forces populistes qui le composent, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Di Maio et Salvini, vice-Premiers ministres, obtiennent respectivement les postes clés du Développement économique et du Travail, et de l'Intérieur. Aussi, l'eurosceptique Paolo Savona qui a précipité la crise politique en Italie, héritera du ministère des Affaires européennes.
Après la prestation de serment ce vendredi, Giuseppe Conte demandera la confiance au Parlement, où la Ligue et le M5S ont la majorité des deux chambres.
Après la prestation de serment ce vendredi, Giuseppe Conte demandera la confiance au Parlement, où la Ligue et le M5S ont la majorité des deux chambres. (Crédits : Reuters)

C'est la fin de trois mois d'impasse politique en Italie. Le juriste de 53 ans Giuseppe Conte dirigera bien le nouveau gouvernement italien, fruit de l'accord politique conclu jeudi entre le Mouvement 5 étoiles (antisystème) de Di Maio et la Ligue (extrême droite) de Salvini. Le chef de la nouvelle équipe gouvernementale prêtera serment ce vendredi après-midi devant le président de la République, avant de demander la confiance au Parlement en début de semaine prochaine.

Globalement, ce nouveau gouvernement, dont le programme sera axé sur la lutte contre l'immigration et la contestation des règles budgétaires européennes, respecte l'équilibre entre les deux forces politiques.

Di Maio et Salvini vice-Premiers ministres, un anti-euro aux Affaires européennes

Outre le président du Conseil Giuseppe Conte, qui faisait partie de l'équipe gouvernementale proposée par le M5S avant les élections législatives du 4 mars, le mouvement antisystème est représenté par huit ministres qui investiront les ministères du Développement économique et du Travail, de la Justice, des Rapports avec le Parlement, du Sud, de la Défense, des Infrastructures et Transports, de la Culture et du Tourisme, et de l'Environnement.

Luigi di Maio, le chef de file du M5S, prendra notamment la tête d'un nouveau ministère renforcé combinant les portefeuilles de l'Industrie et du Travail. Aussi, deux femmes seront nommées au ministères de la Défense et du Sud.

La Ligue, elle, obtient sept ministères : l'Intérieur, les Affaires européennes, la Fonction publique, les Affaires régionales, les Familles et Handicapés, l'Agriculture et l'Éducation.

Ce que l'on sait à l'heure actuelle :

  • Le ministère de l'Intérieur sera confié à Salvini, le chef de file du mouvement d'extrême-droite.
  • Le ministère de l'Économie et des Finances reviendra à un universitaire plutôt proche de la Ligue sur la fiscalité, Giovanni Tria (69 ans), mais favorable au maintien de l'Italie dans la zone euro. Il estime que celle-ci doit être réformée. Dans des articles récents, il a notamment appelé à un changement dans les règles budgétaires de l'UE pour permettre aux investissements publics de soutenir la croissance, tout en critiquant l'excédent persistant des comptes courants de l'Allemagne. Il préside, entre autres, l'École nationale d'administration italienne.
  • L'économiste anti-euro, Paolo Savona (81 ans), héritera finalement du ministère des Affaires européennes. Ses critiques de l'euro et de l'Allemagne lui ont valu le veto spectaculaire du président Mattarella pour occuper le ministère de l'Économie et des Finances. Au compteur, un demi-siècle d'expérience, notamment comme ancien ministre du Commerce et de l'Industrie dans le gouvernement de Carlo Azeglio Ciampi (1993-1994). Dans un livre, il a appelé à "préparer un plan B pour sortir de l'euro" et a baptisé la monnaie unique "la prison allemande".
  • Les ministères de la Santé, de la Fonction publique et des Affaires régionales seront assurés par trois femmes.

Un ministre "technique" aux Affaires étrangères

Le très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant vingt ans à Bruxelles, va occuper le ministère des Affaires étrangères. Ce ministre "technique" a déjà occupé des fonctions ministérielles dans les gouvernements de Mario Monti (2011-2013) et d'Enrico Letta (2013-2014).

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 12
à écrit le 03/06/2018 à 23:18
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oui, ce sont des populistes, oui, la Ligue est un parti d'extrême droite très dangereux, n'empêche qu'ils ont raison en ce qui concerne un point : l'euro est une prison allemande. La seule facon de sauver l'euro et l'Union européenne (si cela est enc...

à écrit le 01/06/2018 à 19:10
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Un gouvernement populiste qui veut rester sous domination de l' UE, c' est la définition de Syriza qui a porté Tsypras au pouvoir afin de "syriser" les grecs .. Vincent Brousseau, ancien économiste à la BCE et responsable national de l' UPR en cha...

à écrit le 01/06/2018 à 12:39
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Ce qui est important maintenant c'est de réduire l'influence de l'Allemagne. Le système allemand est unique et ne peut servir de modèle aux autres pays de l'UE. Modèle basé sur l'excédent commercial, donc réussi mais aux dépens des autres pays. Il ...

le 01/06/2018 à 16:31
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@Choix Cornélien : tout à fait d'accord. https://melenchon.fr/2018/05/30/ladieu-a-lallemagne/

le 01/06/2018 à 19:07
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Si jamais vous aviez raison l’avenir de l’économie mondiale pourrait devenir chaotique et l'Europe y perdrait puisque on profite aussi de la croissance sur d'autres continents. Si l'on prend le pretexte de l’Allemagne, elle est critiquée en raison d...

le 03/06/2018 à 23:20
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"Le système allemand est unique" il est également inique en ce qui concerne le reste de l'Europe

le 08/06/2018 à 12:19
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@ velkavatar, Solidarité sans cohésion me semble utopique. L'Allemagne ne cesse de proner la "Eigene Verantwortung" le chacun pour soi, pas de responsabilité collective, par contre elle exige la solidarité quand il s'agit de défendre les intérêts ...

à écrit le 01/06/2018 à 12:00
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Un ministre de 69, un autre de 81 ans... Dans le genre renouvellement, l'Italie innove.... A quand la prochaine crise?

à écrit le 01/06/2018 à 11:44
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Dire que le seul espoir qu'il reste à l'europe réside dans un parti inconnu et un parti fasciste à l'italienne, c'est pour dire comme le consortium financier européen nous a fait tomber bien bas quand même hein.

le 01/06/2018 à 14:11
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@Citoyen blase Qui est fasciste? Celui qui refuse le choix du peuple ou obéit au doigt et à l'oeil à Bruxelles ou celui qui veut protéger son identité et sa cohésion...?

le 01/06/2018 à 14:33
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J'avoue que le néolibéralisme a totalement chamboulé le langage non seulement dans la forme mais en plus dans le fond et au final vous avez peut-être raison, nous allons bien voir ce qu'ils vont faire. Du moins ce que le consortium financier euro...

le 01/06/2018 à 16:32
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Dans le Conseil National de la Résistance , cohabitait l'Alliance Française ( extrême droite ) et le PCF.

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