Élections européennes : pas de tsunami populiste en vue

Par latribune.fr  |   |  634  mots
Projection en sièges des intentions de vote dans l'UE27. (Crédits : Parlement européen)
Les deux principaux groupes du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, centre-droit) et les Socialistes et démocrates (SD), perdraient des points au bénéfice de l’extrême droite et du centre, en position d'arbitre, aux élections européennes de mai, selon une étude du Parlement publiée ce lundi 18 février.

Les europhobes devraient progresser lors des prochaines élections européennes fin mai, mais les grandes familles pro-UE resteraient majoritaires, selon de premières projections sur sa future composition publiées ce lundi 18 février par le Parlement européen, à partir d'une compilation de sondages. D'après cette analyse, ni la droite ni la gauche pro-européenne ne seront majoritaires et capables d'imposer leur candidat à la tête de la Commission européenne.

Le scrutin qui aura lieu du 23 au 26 mai 2019 sera « l'un des exercices démocratiques les plus importants dans le monde », a fait valoir le porte-parole du Parlement européen en présentant ces chiffres à Bruxelles.

« La recomposition signifiera la fin de la cogestion entre le PPE et le SD, qui n'a pas contribué à nourrir l'intérêt des citoyens européens pour le Parlement », analyse la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau dans un entretien au Monde. « Dans une telle configuration, le groupe des nationalistes ne pèsera guère. Ils ne formeront pas un groupe cohérent avec un quelconque projet. »

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[Projection en sièges des intentions de vote dans l'UE27. Crédits : Parlement européen]

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Le centre, incontournable pour bâtir une majorité

Au sein d'un hémicycle ramené à 705 députés - contre 751 aujourd'hui, par le départ des Britanniques -, les deux grandes familles politiques de l'hémicycle européen, le PPE (droite) et les sociaux-démocrates perdraient respectivement 34 et 51 sièges. Elles garderaient toutefois les deux principaux groupes avec 183 et 135 sièges dans cette assemblée rétrécie.

Le groupe centriste de l'Alliance des démocrates et des libéraux européens (ALDE), où les eurodéputés français du MoDem devraient être rejoints par les élus de La République en marche, sera incontournable pour bâtir une majorité. La famille libérale pourrait atteindre 93 sièges si elle est rejointe par les eurodéputés français étiquetés La République en Marche (LREM).

Leurs résultats en France talonnent ceux de la liste Rassemblement national (RN, extrême droite), créditée de 21 sièges selon le sondage pris en compte par le Parlement européen.

Les europhobes montent

Le groupe eurosceptique ENL (Europe des Nations et des Libertés), auquel participe actuellement le RN de Marine Le Pen, serait de son côté l'un des grands gagnants des élections : il gagnerait 22 sièges (59 au lieu de 37), avec notamment 27 eurodéputés italiens issus de la Ligue.

Le parti du sulfureux ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini accroîtrait considérablement son influence dans le Parlement européen, où il ne compte aujourd'hui que 6 représentants. Il en deviendrait même le deuxième parti national le mieux représenté derrière les conservateurs allemands de la CDU/CSU, membres du PPE.

Les Verts, qui comptent actuellement 52 sièges, n'en auraient plus que 45 dans le nouveau Parlement européen. La GUE/NGL (gauche radicale) perdrait également 6 sièges (de 52 à 46).

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MÉTHODOLOGIE

Ces premières projections publiées par le Parlement européen, qui seront actualisées tous les 15 jours, ont été réalisées en compilant des sondages d'intentions de vote réalisés dans les 27 pays qui seront encore membres de l'UE fin mai 2019 - si le Brexit a bien eu lieu le 29 mars comme prévu.

Le Parlement européen est parti du principe que les groupes politiques resteraient composés de la même manière qu'actuellement, avec des eurodéputés venant des mêmes formations nationales.

Ces résultats ne tiennent, par exemple, pas compte de l'impact que pourrait avoir l'arrivée d'eurodéputés issus de nouveaux partis politiques dans les Etats membres, qui devraient alors choisir leurs alliances pour peser au niveau européen.

(avec AFP et Reuters)