Espagne : les perspectives économiques s'assombrissent

Par latribune.fr  |   |  560  mots
En seulement deux semaines, pas moins de 691 entreprises ont transféré leur siège social hors de Catalogne en raison de la crise politique, selon le dernier décompte du registre du commerce mardi.
Le gouvernement central et le FMI ont averti que la crise en Catalogne pourrait menacer la croissance en 2018 au moment même où Mariano Rajoy a donné jusqu'à jeudi prochain au président catalan Carles Puigdemont pour faire machine arrière.

Madrid a abaissé à 2,3%, contre 2,6% précédemment, sa prévision de croissance du PIB espagnol pour 2018, en raison principalement de l'"incertitude" liée à la crise en Catalogne, dans un document envoyé lundi à Bruxelles. Vendredi dernier, la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria, avait déjà annoncé que la croissance de l'économie espagnole en 2018 pourrait être moindre que prévu.

La vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria, lors d'une conférence de presse au Moncloa Palace à Madrid. Crédits : Reuters/Juan Medina.

Un "tassement" de l'activité

Le plan budgétaire prévoit pour l'année prochaine "un léger ralentissement de la demande intérieure, résultat de l'impact négatif de l'incertitude liée à la situation politique actuelle en Catalogne", indique le gouvernement espagnol dans ce texte. La prévision antérieure, qui datait de juillet, tablait sur une croissance de 2,6% du Produit intérieur brut en 2018.

Le nouveau chiffre tient compte du "tassement du cycle économique", de l'incertitude dans la région catalane qui compte pour 19% du PIB, et du fait que le gouvernement conservateur a "décidé de reporter" l'approbation du budget pour 2018, en raison d'un manque de soutien des députés. Madrid a toutefois souligné que la croissance devrait atteindre 3,1% en 2017, soit 0,1% de plus que prévu en juillet, grâce à "une meilleure demande externe nette".

Le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, avait déjà averti vendredi que la crise en Catalogne aurait des conséquences sur l'économie du pays. Toutefois, le gouvernement a assuré, dans le document transmis à Bruxelles, qu'il tiendra ses engagements en matière de déficit public, qui doit être réduit à 3,1% en 2017 et 2,3% en 2018, en dessous de la barre maximum fixée dans la zone euro à 3%. De son côté, le chômage restera très élevé, mais devrait continuer de baisser à 17,2% en 2017 et à 15,5% en 2018. Il avait atteint jusqu'à 27% de la population active en 2013.

Près de 700 sièges délocalisés

En seulement deux semaines, pas moins de 691 entreprises ont transféré leur siège social hors de Catalogne en raison de la crise politique, selon le dernier décompte du registre du commerce mardi. "Il y a eu plus de départs ces dix derniers jours que sur les neuf premiers mois de 2017 réunis", a précisé la porte-parole du Registre du commerce et des sociétés à l'AFP. Dans le détail, 219 entreprises ont délocalisé leur siège entre le 2 et le 9 octobre, à commencer par les deux grandes banques catalanes.

La tendance s'est accélérée autour du discours mardi 10 octobre du président séparatiste catalan Carles Puigdemont qui a laissé entendre qu'il déclarait  l'indépendance de la région avant de proposer au Parlement de la "suspendre". Le même jour, avant le discours, 177 entreprises ont fait leurs cartons, puis 155 autres le lendemain et encore 81 le 13 octobre, au lendemain de la fête nationale.

Ce lundi, rien qu'à Barcelone, 59 entreprises ont décidé de déménager leur siège social hors de la Catalogne, une région qui pèse 19% du PIB du pays. Sur toute cette période depuis le 2 octobre, seulement 38 entreprises ont décidé de s'installer dans la région catalane.

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(Avec agences)