Grèce : l'Eurogroupe se réunit dans un climat de méfiance

Par latribune.fr  |   |  495  mots
"A la fin de l'année, nous avions un espoir" pour une reprise en Grèce "mais ces derniers mois, cet espoir a été réduit à néant d'une manière incroyable", a affirmé le ministre des Finances allemand.
Les ministres des Finances de la zone euro doivent rendre samedi leur avis sur les nouvelles réformes proposées par le gouvernement grec en échange d'un troisième programme d'aide internationale. Les négociations seront "extrêmement difficiles", a déjà prévenu le ministre allemand Wolfgang Schäuble.

"Nous allons avoir des négociations extrêmement difficiles". En ces termes le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a défini la mission de l'Eurogroupe qui se réunit ce samedi après-midi à Bruxelles. Une mise en garde qui refroidit partiellement les espoirs d'un accord entre la Grèce et ses créanciers, suscités par les nouvelles propositions du gouvernement d'Alexis Tsipras.

Connu pour être partisan d'une ligne très dure vis-à-vis d'Athènes, Wolfgang Schäuble a en effet expliqué estimer que les propositions de réforme avancées par Athènes pour demander un nouveau plan de renflouement "sont loin d'être suffisantes", avant d'ajouter:

"Nous ne pouvons pas avoir confiance dans des promesses".

Le conservateur allemand a mis en cause la responsabilité du gouvernement grec de gauche radicale, arrivé au pouvoir en janvier. "A la fin de l'année, nous avions un espoir" pour une reprise en Grèce "mais ces derniers mois, cet espoir a été réduit à néant d'une manière incroyable", a-t-il affirmé.

Dijsselbloem aussi sceptique

L'expression de méfiance du ministre allemand faisait écho à celles d'autres membres de l'Eurogroupe. "Il y a un gros problème de confiance", a notamment déclaré le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem en arrivant à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

"Est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement grec pour qu'il fasse ce qu'ils promettent dans les prochaines semaines, (les prochains) mois ou (les prochaines) années ?", s'est-il interrogé.

"Plusieurs gouvernements, dont le mien, ont de sérieux doutes sur l'engagement du gouvernement grec et sur sa capacité à mettre en oeuvre (les réformes)" a pour sa part estimé le secrétaire d'Etat aux Finances néerlandais Eric Wiebes. "Les propositions auraient été bonnes dans le cadre du deuxième programme d'aide, mais j'ai peur qu'il soit insuffisant pour lancer un troisième programme", a même déclaré le slovaque Peter Kazimir.

Sapin évoque la nécessité d'un calendrier précis

"Il faut des réformes mises en oeuvre rapidement, c'est la clé de tout (...) pour débloquer un programme, pour traiter la question de la dette", considère le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, insistant sur "la volonté de mettre en œuvre les choses". Le ministre français Michel Sapin a par ailleurs laissé entendre que les créanciers allaient demander un calendrier précis et serré des réformes:

"Si on veut accord durable, il faut que les Grecs apportent des réponses sur quand ils vont décider, comment, à quel moment et à quel rythme".

Un peu plus optimiste s'est montrée la patronne du Fonds monétaire internationale, Christine Lagarde, qui à son arrivée samedi à Bruxelles a déclaré:

"Nous sommes ici aujourd'hui pour faire beaucoup de progrès".

Après la réunion cruciale de l'Eurogroupe de samedi, un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne est prévu dimanche.