Grèce : la Troïka veut des mesures supplémentaires en cas de besoin

Par latribune.fr  |   |  608  mots
L'adoption de ces réformes, qui s'ajouteraient à celle déjà en négociation, permettrait le versement de nouveaux prêts à Athènes et ouvrirait la voie à l'ouverture de discussions sur un allègement du fardeau de la dette.
L'ensemble des mesures souhaitées par les créanciers internationaux devrait être en mesure de générer des économies équivalentes à 2% du produit intérieur brut de la Grèce, en plus de celles représentant 3% du PIB attendues des réformes déjà en discussions.

Les créanciers internationaux de la Grèce lui ont demandé vendredi de préparer des mesures d'économies supplémentaires, qui seraient votées rapidement mais ne seraient mises en oeuvre qu'en cas de besoin pour respecter les objectifs budgétaires prévus.

"Nous sommes parvenus à la conclusion que le plan devait inclure un paquet contraignant de mesures supplémentaires, qui seraient mises en application uniquement en cas de besoin pour atteindre l'objectif d'excédent primaire en 2018", a déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe, après une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Amsterdam.

L'adoption de ces réformes, qui s'ajouteraient à celle déjà en négociation, permettrait le versement de nouveaux prêts à Athènes et ouvrirait la voie à l'ouverture de discussions sur un allègement du fardeau de la dette. L'idée de ces mesures optionnelles semble à même de mettre fin aux divergences entre la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) sur la capacité des réformes actuelles à assurer le respect des objectifs fixés.

Les mesures préventives devront être "crédibles, inscrites sans délai dans la loi, automatiques et fondées sur des facteurs objectifs", a souligné Jeroen Dijsselbloem.

Des économies à hauteur de 2% du PIB

L'ensemble de ces mesures devrait être en mesure de générer des économies équivalentes à 2% du produit intérieur brut, en plus de celles représentant 3% du PIB attendues des réformes déjà en discussions, a précisé Jeroen Dijsselbloem.

Les économies supplémentaires représentent la différence entre les estimations de la zone euro et celles du FMI sur l'excédent primaire (hors service de la dette) que la Grèce est capable de dégager en 2018. La zone euro pense en effet qu'Athènes est capable d'atteindre un excédent primaire de 3,5% cette année-là, alors que le FMI juge un chiffre de 1,5% plus réaliste.

Les mesures déjà en discussion incluent une nouvelle réforme des retraites, la création d'un fonds de privatisations et un plan de traitement des créances douteuses) à permettre d'atteindre cet objectif. On ignore pour l'instant quels domaines les mesures supplémentaires pourraient concerner.

Des "mesures préventives" contraires à la loi

Le président de l'Eurogroupe a toutefois rencontré l'opposition du ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos. Ce dernier a ainsi déclaré que la Grèce ne pouvait légiférer sur des "mesures préventives" car la loi ne le permettait pas. Jeroen Dijsselbloem a cependant estimé qu'on pouvait trouver un moyen.

"Nous devons travailler sur le concept de ce mécanisme; il y a bien sûr des contraintes légales et nous ne pouvons ni ne voulons passer outre ces dernières. Il sera conçu pour être crédible et légalement possible", a-t-il expliqué.

Un accord sur l'ensemble des mesures -celles déjà en débat et les nouvelles- conduirait à une nouvelle réunion de l'Eurogroupe jeudi prochain pour approuver le tout et ouvrir une "discussion sérieuse" sur l'allègement du fardeau de la dette. Il n'est toutefois pas acquis qu'Athènes se plie à ces nouvelles demandes, même si la perspective de l'ouverture de discussions sur l'allégement de la dette est susceptible de faciliter le processus .

Fidèle à sa position, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a toutefois estimé que parler d'un allègement de la dette n'était pas une priorité.

"La priorité, c'est ce qui a été convenu l'an dernier et doit être mis en oeuvre", a-t-il dit.

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(avec Reuters)