Immobilier : une instance européenne redoute la surchauffe financière dans certains pays

Par latribune.fr  |   |  428  mots
"Les vulnérabilités ont persisté malgré les récentes mesures mises en place pour y remédier" dans plusieurs pays, observe le CERS. (Crédits : DR)
Avec des conditions d'emprunts très favorables et une demande de biens qui explose, certaines banques de la zone euro augmentent la vulnérabilité des ménages, note le Comité européen des risques systémiques (CERS) chargé de prévenir les risques financiers d'ampleur au sein de l'Union.

Après la banque centrale en novembre qui craignait déjà la surchauffe, c'est au tour d'une nouvelle instance de l'Union européenne de s'inquiéter de l'afflux de liquidités sur le marché immobilier, notamment grâce aux conditions d'emprunt très favorables. "A moyen terme, l'impact de la pandémie et des faibles taux d'intérêt risque d'accroître les vulnérabilités liées au revenu des ménages et à la capacité du service de la dette, ainsi que le niveau d'endettement global", avertit le Comité européen des risques systémiques (CERS) qui pointe notamment l'Allemagne.

Le volume des prêts hypothécaires, plus risqués pour l'emprunteur, a lui aussi gonflé, note le CERS.

Alors que l'économie européenne a retrouvé un niveau d'avant-pandémie, les autorités nationales "devraient recommencer à envisager la (ré-)introduction ou le durcissement des mesures macroprudentielles" qui visent à limiter les risques systémiques, selon le CERS.

Les pays à risque

Avec le Covid, le développement du télétravail et la forte épargne réalisée par les ménages ont en effet accentué la demande de biens immobiliers, poussant la hausse des prix à plus de 7%, le rythme le plus élevé depuis 2005, notait pour sa part la BCE.

En Allemagne, où des études évaluent entre 19 et 23% la surestimation du prix des logements, le comité recommande en particulier d'imposer une limite contraignante au ratio rapportant le montant du crédit à la valeur d'achat du logement. Plus ce ratio est élevé, plus le risque de l'emprunt est important.

Les recommandations passées du CERS ne produisent pas toujours les effets attendus, pour preuve "les vulnérabilités ont persisté malgré les récentes mesures mises en place pour y remédier" dans plusieurs pays (Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas et Suède), note le Comité.

Dans cinq autres pays, dont la France, il estime au contraire qu'une politique "appropriée et suffisante" a permis de calmer la situation. L'an passé, le nombre de crédits immobiliers a augmenté de 4,6% en France, selon l'observatoire CSA/Crédit Logement.

Le CERS, créé après la grande crise financière de 2008 pour surveiller et prévenir les risques systémiques dans le système financier européen, compte près de 40 membres au sein de son directoire, dont les 27 gouverneurs des banques centrales européennes. Il est présidé par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne.

(Avec AFP)

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