Quand agir face à l'inflation ? Christine Lagarde (BCE) s'oppose à une hausse trop rapide des taux en zone euro

Le débat fait rage au sein de la banque centrale européenne sur le calendrier du relèvement des taux directeurs, garants pour l'heure de conditions proches de l'"argent gratuit". D'un côté, la position allemande de la Bundesbank qui soutient qu'un maintien trop prolongé des taux bas en 2022 signerait le retour de la volatilité sur les marchés et des incertitudes. De l'autre, Christine Lagarde prévient qu'un relèvement trop rapide des taux ne répondrait pas à la hausse des prix du pétrole et aux problèmes dans les chaînes d'approvisionnement, qui ont favorisé la hausse des prix en zone euro.
Nous pouvons maintenant ajuster - calmement, étape par étape - nos instruments de politique monétaire
"Nous pouvons maintenant ajuster - calmement, étape par étape - nos instruments de politique monétaire" (Crédits : POOL)

L'inflation continue sa cavalcade en zone euro, mais contrairement au choix de la banque centrale américaine d'y apporter un remède rapidement, Christine Lagarde, à la tête de la banque centrale européenne, ne partage pas le même avis. Alors que le taux d'inflation dans la zone euro a atteint 5% sur un an en décembre (Eurostat) - du jamais vu en 25 ans -, la patronne de la BCE estime en effet que le relèvement des taux directeurs n'est pas la solution à la flambée des prix sur le Vieux continent. Or, c'est précisément l'approche étudiée par la Fed, son homologue américaine, avec une inflation qui a culminé à +7% outre-Atlantique en 2021, menaçant le pouvoir d'achat des classes moyennes et les capacités des entreprises à investir.

Mais pour Christine Lagarde, c'est justement l'inverse qui pourrait se produire en relevant les taux pour tarir les flux de liquidités déversés dans l'économie. Selon la Française, relever maintenant le taux directeur de la BCE ne permettrait pas d'enrayer la hausse record de l'inflation. Pire, elle aurait pour seul effet de nuire à l'économie, a-t-elle expliqué dans un entretien au groupe de presse allemand Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND) publié vendredi.

"Cela ne résoudrait aucun des problèmes actuels. Au contraire: si nous agissons de manière trop précipitée maintenant, le rebond de nos économies pourrait être considérablement affaibli, et des emplois seraient menacés", affirme-t-elle.

Maîtresse des horloges des taux

Une position qui surprend d'autant plus que la semaine dernière, la BCE avait soufflé le chaud en formulant l'hypothèse d'une hausse des taux de la BCE en 2022. Mais Christine Lagarde - qui a affirmé que l'inflation n'était qu'un phénomène "transitoire" - vient donc calmer le jeu :

"Nous pouvons maintenant ajuster - calmement, étape par étape - nos instruments de politique monétaire. Et quand les données économiques le permettront, nous le ferons."

Autrement dit, elle réaffirme sa position en soutenant que la BCE modifierait sa politique monétaire ultra-accomodante, de manière graduelle et quand les conditions le permettront.

Plus précisément, Christine Lagarde a prévenu qu'un relèvement des taux ne répondrait pas à la hausse des prix du pétrole et aux problèmes dans les chaînes d'approvisionnement, qui ont favorisé l'inflation. Aussi, elle croit à des effets limités dans le temps. Et de prévoir que cette hausse des prix devrait se stabiliser puis baisser au cours de l'année 2022 dans la zone euro.

Mais au sein de la BCE, les risques sur les prévisions d'inflation de l'Institution sont à la hausse. Aussi, le débat entre les partisans du retour de l'orthodoxe budgétaire, et le camp de ceux qui veulent maintenir des taux favorables pour financer les plans de relance des Etats, va crescendo.

Une réponse à l'Allemand Joachim Nagel

Dans ce débat, Christine Lagarde vient surtout répondre aux déclarations de Joachim Nagel, le président de la Bundesbank et membre du Conseil des gouverneurs de la BCE. Fidèle à la position traditionnellement conservatrice de la Bundesbank, Joachim Nagel a déclaré - également dans la presse allemande - qu'une normalisation tardive de la politique monétaire était plus risquée qu'une action précoce.

"Si le tableau (inflationniste) ne change pas d'ici le mois de mars, je plaiderai pour une normalisation de la politique monétaire", a indiqué au quotidien Die Zeit Joachim Nagel, qui a pris la présidence de la banque centrale allemande en janvier.

"Si nous agissons plus tard, nous devrions relever les taux d'intérêt de façon plus marquée et à un rythme plus rapide. Les marchés financiers réagiraient alors avec une plus grande volatilité," conclut-il. Une position sur laquelle le patron de la banque centrale allemande tente de fédérer. Klaas Knot, le gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas, s'est également prononcé en faveur d'une hausse de taux cette année, à partir du quatrième trimestre.

(avec Reuters)

Lire aussi 4 mnPour Lagarde, la fête est finie !... La dette aussi ?

Commentaires 12
à écrit le 13/02/2022 à 8:29
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Quelque soit le choix qui sera fait., c'est bon pour le bitcoin Merci Cricri

à écrit le 11/02/2022 à 18:33
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Elle n'a pourtant pas fait tant de manières pour filer du fric à Bernard Tapis...

à écrit le 11/02/2022 à 16:53
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Elle joue la montre pour continuer à dépouiller tranquillement et le plus longtemps possible les épargnants avec des taux de rémunération qui favorise le gaspillage public et le quoi qu'il en coute.

à écrit le 11/02/2022 à 15:25
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Lagarde, la marionnette des pays du sud quelles ne veulent pas laissez leur politique de clientiellisme ni reformer leur depenses. Vite, un failliete de l'euro et on y va voire qui pleurent. Tout facon, un retour aux billets de 10.000 francs, inevi...

à écrit le 11/02/2022 à 12:57
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Les marchés financiers sont volatiles par définition ce n'est pas une cause mais une conséquence, or agir sur une conséquence traite pas la cause.

à écrit le 11/02/2022 à 12:20
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Curieux raisonnement, contraire à la réalité du marché. Si le pétrole monte, c'est que des spéculateurs l'achètent pour le revendre plus cher. C'est ce qui fait monter les prix en période de reprise. Pour acheter, ils demandent des crédits. Si les ta...

à écrit le 11/02/2022 à 12:01
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C'est incroyable que cette femme qui a été complice de Bernard Tapie puisse encore avoir des responsabilités et donner des leçons ! Ce genre d'individu a détruit la confiance des électeurs en la classe politique et contribué à l'émergence des partis...

le 11/02/2022 à 12:28
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et aussi responsable d'une désindustrialisation de la france et d'une part de chomage ce sont ces gens qu'il faut virer comme les ecolos oui encore responsable de perte d'emploi dans l'aube et tous cela pour une idee mal pense de non a la pub a ...

le 11/02/2022 à 17:29
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Souvenir de 2012 : Voilà une information qui devrait alimenter encore la polémique sur les récents propos de Christine Lagarde. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui a exhorté les Grecs à s'acquitter de leurs impôts, n...

le 15/02/2022 à 14:01
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C'est pour ça qu'elle sera le prochain premier ministre de la france de micron !

à écrit le 11/02/2022 à 11:36
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La réponse est toute simple, jamais, mais il ne faut pas le dire. Tous les pays du monde sous-estiment volontairement la hausse des prix réelles, car ce serait un mauvais affichage que d'officialiser des pertes de pouvoir d'achat. Et ça a toujours...

à écrit le 11/02/2022 à 11:36
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Soit ces gens là sont vraiment incompétents, (ce qui n'est pas impossible), soit ils ont une volonté délibérée de provoquer une crise majeure à moyen terme. Attendre pour relever les taux d'intérêts, c'est vraiment la pire attitude à avoir. C'est com...

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