Italie : Giuseppe Conte, l'homme du consensus impossible ?

Par latribune.fr  |   |  685  mots
Le chef de file du Mouvement 5 Etoiles Luigi Di Maio et le patron de la Ligue Matteo Salvini ont désigné Giuseppe Conte comme président du Conseil italien. (Crédits : Reuters)
C'est Giuseppe Conte, un juriste universitaire, spécialiste du droit civil et administratif, qui sera le prochain président du Conseil italien. Il a été désigné par Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles, et le patron de la Ligue, Matteo Salvini.

Il fallait trouver un président du Conseil italien honorable pour mener un programme qui ne l'est pas forcément. C'est fait. Onze semaines après les élections législatives du 4 mars, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), a annoncé lundi sur le blog du mouvement avoir proposé au président italien le nom de Giuseppe Conte pour diriger le gouvernement d'alliance avec la Ligue (extrême droite). "Je suis très content et fier, Giuseppe Conte sera à la tête d'un gouvernement politique constitué par deux forces politiques", a déclaré Luigi Di Maio après avoir été reçu au palais du Quirinal par le président Sergio Mattarella.

"Nous avons indiqué le nom de Giuseppe Conte au président de la République. Un nom qui peut faire avancer le contrat de gouvernement. Et je suis particulièrement fier de ce choix", a écrit Luigi Di Maio sur le blog du M5S.

Il revient maintenant au président de la République d'approuver ou non le nom qui lui est proposé. Le chef de l'Etat italien Sergio Mattarella a besoin de réfléchir au choix du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue pour la présidence du Conseil, selon Reuters. Si Sergio Mattarella donne son feu vert, les partis membres de la future coalition pourraient rapidement s'entendre sur la composition du cabinet de coalition et les votes de confiance au Parlement pourraient avoir lieu dans la semaine. Le chef de l'Etat italien a demandé à voir les présidents des deux chambres du parlement mardi, annoncent ses services dans un bref communiqué.

Les adhérents ont donné leur accord

Devant la presse à la sortie du bureau du président Sergio Mattarella, il s'était pourtant bien gardé de prononcer de nom. Reçu après lui par le président, le patron de la Ligue, Matteo Salvini, n'a pas non plus révélé le nom qu'il avait proposé à Sergio Mattarella. "Nous sommes prêts, nous avons présenté le nom, décidé l'équipe et le projet pour le pays", a simplement déclaré Matteo Salvini. Le M5S et la Ligue ont validé ce week-end auprès de leurs adhérents leur accord de gouvernement, qui prévoit entre autres une réduction des prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d'euros, une augmentation des dépenses publiques en faveur des défavorisés et l'abandon d'une réforme impopulaire des retraites, autant de mesures qui inquiètent les marchés.

L'Italie est sans gouvernement depuis les élections législatives du 4 mars, qui n'ont donné de majorité à aucun parti ni à aucun bloc. Le M5S est le parti arrivé en tête avec 32% des voix, mais le bloc de droite, dont la Ligue fait partie, l'a devancé en voix (37% dont 17% pour la Ligue). Au sein du bloc de droite, la Ligue a dépassé Forza Italia de l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi.

Giuseppe Conte, un juriste universitaire

Âgé de 54 ans, Giuseppe Conte est un juriste universitaire, spécialiste du droit civil et administratif. Inconnu du grand public, il avait été présenté avant les élections du 4 mars par le M5S comme possible ministre chargé de "débureaucratiser" la fonction publique.  Le public avait alors brièvement découvert cet homme assez grand, arborant un élégant costume et une mèche rebelle brune, qui ne s'est ensuite plus montré pendant les tractations gouvernementales. Son CV publié sur le site internet du M5S court sur 12 pages et mentionne des séjours d'études et de recherches dans les universités les plus prestigieuses du monde entier.

Il a enseigné dans des universités en Sardaigne, à Rome, à Florence ou à Malte et il donne actuellement des cours de droit privé à Florence et à la prestigieuse université Luiss de Rome. Il a aussi un studio d'avocats à Rome. Il a  été membre du conseil d'administration de l'Agence spatiale italienne, consultant juridique de la Chambre de commerce de Rome, ou encore membre du comité de surveillance de plusieurs sociétés d'assurances en faillite.