L'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne prendra des années, voire des décennies

Par latribune.fr  |   |  634  mots
L'Union européenne a entériné, jeudi, les candidatures d'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie. (Crédits : YVES HERMAN)
Alors que le pays avait déposé sa demande officielle le 28 février dernier, quatre jours après le début du conflit, l'Ukraine est désormais officiellement candidate à son adhésion dans l'UE. Les Vingt-Sept ont entériné sa candidature, jeudi, avec celle de la Moldavie. Un processus accéléré compte tenu du contexte de guerre. Toutefois, les prochaines étapes pourraient prendre de longues années avant que les deux pays ne rejoignent les Etats membre.

SI l'annonce était attendue, elle n'en reste pas moins hautement symbolique : jeudi, l'Union européenne, réunie lors d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles, a entériné la candidature de l'Ukraine. Rien ne semblait devoir remettre en doute cette reconnaissance, la Commission européenne ayant émis, la semaine dernière, un avis favorable à ce sujet. De même, en visite à Kiev, Mario Draghi, Olaf Scholz et Emmanuel Macron avaient ouvertement soutenu l'octroi « immédiat » à l'Ukraine du statut officiel de candidat à une adhésion à l'Union européenne.

Jamais un avis n'aura été rendu en si peu de temps sur une demande de candidature. Le pays qui avait déposé sa demande officielle le 28 février dernier, soit quatre jours après le début de l'invasion russe, a bénéficié, en effet, d'un examen accéléré des Vingt-Sept, qui pourraient donc se retrouver à vingt-huit.

« Des décennies »

Mais pas avant quelques années. Si la procédure menant à la reconnaissance du statut de candidat s'est déroulée, dans le cas de l'Ukraine, plus rapidement que cela est habituellement le cas, le processus à venir s'annonce long et complexe en vue d'une adhésion. En mai dernier, Emmanuel Macron avait d'ailleurs souligné que cela pourrait prendre « des décennies », proposant alors une alternative sous la forme d'une Communauté politique européenne, une institution parallèle à l'UE et au Conseil de l'Europe. Jeudi, plusieurs représentants des Etats membres ont également averti que les Ukrainiens ne devaient « pas se faire d'illusions » sur une adhésion rapide à l'UE dont la Commission devra dresser un premier bilan à la fin de l'année sur les réformes demandées aux deux pays concernant la lutte contre la corruption et l'indépendance de la justice. Les négociations officielles pourront ensuite s'ouvrir avec pour objectif une décision qui devra faire l'objet d'une unanimité des Etats membres. Pour exemple, ces négociations ne se sont toujours pas ouvertes dans le cas de la Macédoine du Nord et de l'Albanie qui ont pourtant obtenu leur statut de candidates en 2005 et 2014. Les pays des Balkans occidentaux ont d'ailleurs exprimé jeudi leur frustration sur la lenteur de leur processus d'adhésion.

Pas de quoi entacher ce « moment historique » comme l'a qualifié le président du Conseil européen, Charles Michel. La journée d'« aujourd'hui marque une étape cruciale sur votre chemin vers l'UE », a-t-il déclaré Charles Michel sur Twitter. « Nous avons un avenir ensemble », a-t-il ajouté, en tweetant également dans les langues de ces pays et félicitant le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce dernier, qui n'a de cesse de militer pour que Kiev rejoigne l'UE depuis le début du conflit avec la Russie, avait encore affirmé mercredi soir : « Aussi activement que nous nous battons pour une décision positive de l'Union européenne sur la candidature de l'Ukraine, nous nous battons quotidiennement pour obtenir des livraisons d'armes modernes ». Défendant l'appartenance de son pays à la « famille européenne », le chef d'Etat avait estimé que « Kiev défend les armes à la main les valeurs européennes contre la Russie ».

La candidature de la Moldavie aussi entérinée

À l'issue de la décision européenne, Charles Michel n'a pas manqué de féliciter également la présidente moldave Maïa Sandu, dont le pays a également obtenu le statut de candidat en même temps que l'Ukraine. Ce n'est pas le cas toutefois de la Géorgie, qui aspire, elle aussi, à rejoindre l'UE. Le pays devra encore faire des réformes pour obtenir ce statut. Les Vingt-Sept lui ont néanmoins reconnu la « perspective » de rejoindre un jour l'Union. « L'avenir de la Géorgie est au sein de l'UE », a ainsi affirmé Charles Michel.

(Avec AFP)