L'UE investit sur les jeunes "cerveaux" étrangers

Par latribune.fr  |   |  481  mots
La nouvelle législation ne mélange toutefois pas les catégories comme les demandeurs d'asile et les réfugiés, a tenu à rassurer l'exécutif européen.
Le Parlement européen vient d'adopter une nouvelle directive autorisant les étudiants et chercheurs de pays tiers à rester en Europe neuf mois après avoir terminé leurs études ou contrats, afin de trouver un travail ou de créer leur propre entreprise. Elle donne également un statut aux stagiaires, apprentis et travailleurs au pair.

"Cela fait trop longtemps que notre continent s'est recroquevillé sur lui-même, s'est imposé des charges bureaucratiques, a miné ainsi la compétitivité et mis des bâtons dans les roues de ceux qui voulaient créer des entreprises".

C'est par ces arguments que la députée suédoise Cecilia Wikström, rapporteur du dossier au Parlement européen, a expliqué l'approbation mercredi 11 mai d'une nouvelle législation visant à favoriser le séjour de chercheurs et d'étudiants étrangers dans l'UE, mais aussi des stagiaires et travailleurs au pair, jusque là sans protection juridique.

Une concurrence avec les Etats-Unis et le Canada

La Commission européenne cherchait à réviser sa réglementation depuis 2013, bien avant que la crise migratoire ne vienne ébranler l'Union. L'objectif, rendre les 28 Etats membres plus attrayants aux jeunes "cerveaux" des pays tiers, afin de ne plus les voir quitter l'Europe une fois leurs études finies pour exploiter leurs talents fraîchement acquis sur d'autres marchés, aux Etats-Unis ou au Canada par exemple.

"L'Europe investit chaque année 0,8% de PIB de moins que les États-Unis et 1,5% de moins que le Japon dans la recherche et le développement (R&D). Ses meilleurs chercheurs et innovateurs s'expatrient par milliers dans des pays où les conditions sont plus favorables", regrettait entre autres l'exécutif européen dans sa proposition de directive.

Une mobilité facilitée

Désormais, les étudiants et chercheurs pourront rester dans leur Etat membre d'accueil au moins neuf mois après avoir terminé leurs études ou contrats, afin de trouver un travail ou de créer leur propre entreprise. Leur mobilité va aussi être facilitée au sein de l'UE, sur une période accrue pouvant atteindre jusqu'à six mois, contre trois actuellement.

La nouvelle directive doit aussi permettre aux chercheurs de venir accompagnés de leur famille. Les étudiants auront par ailleurs la possibilité, pendant leur scolarité, de travailler jusqu'à quinze heures par semaine, contre dix actuellement.

La directive révisée donne également un statut aux stagiaires (rémunérés ou non), apprentis, volontaires participant au service européen et travailleurs au pair originaires de pays tiers, qui en étaient écartés jusqu'à présent. Plusieurs dispositions visent encore à harmoniser les règles d'obtention de visas ou de titres de séjour, en établissant notamment des critères précis d'admission.

Une destination "accueillante"

La nouvelle législation "envoie le message que l'UE est une destination mondialement compétitive et accueillante pour des étudiants et chercheurs étrangers dont elle a bien besoin", estime le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos.

"En même temps, elle fournit un cadre clair qui ne mélange pas les catégories comme les demandeurs d'asile et les réfugiés et ne touche pas aux compétences des Etats membres en matière d'accès au marché du travail", a-t-il tenu à rassurer.

(Avec AFP)