Le port de Hambourg pourrait être cédé partiellement à un groupe chinois, Olaf Scholz sous le feu des critiques

Par latribune.fr  |   |  564  mots
Tout en souhaitant diversifier les partenaires économiques de l'Allemagne, Olaf Scholz ne compte pas tourner le dos à Pékin. (Crédits : MICHELE TANTUSSI)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, ex-maire de Hambourg, est la cible de critiques, y compris au sein de sa coalition, pour un projet de vente partielle du port de Hambourg au groupe chinois Cosco. Le dirigeant a fait savoir que « l'Allemagne ne devait pas se défaire de certains pays », dont la Chine.

Des révélations des chaînes NDR et WDR sur le soutien d'Olaf Scholz, chancelier allemand et ancien maire de Hambourg, à la vente partielle du port de Hambourg au groupe chinois Cosco, mettent dans l'embarras le chef de l'Etat. Ce port est le premier port commercial d'Allemagne et le troisième en Europe derrière Rotterdam (Pays-Bas) et Anvers (Belgique). Cosco est, lui, le premier armateur chinois.

La chancellerie compterait, selon ces médias, autoriser la cession contre l'avis de six ministères fédéraux - Economie, Intérieur, Défense, Finances, Transports et Affaires étrangères. Il s'agit de finaliser l'accord conclu il y a un an entre l'opérateur du port de Hambourg (HHLA) et l'armateur Cosco sur une prise de participation de 35% dans l'exploitation du terminal à conteneurs Tollerort (CTT). Si le gouvernement ne s'oppose pas à cette opération d'ici à fin octobre, la décision sera avalisée.

Les services de renseignements réticents

Les services de renseignements et de contre-espionnage seraient eux aussi réticents à accepter la vente d'une infrastructure jugée critique, ajoutent WDR et NRD. En dépit de ces mises en garde, Olaf Scholz insisterait « pour que l'acquisition se fasse malgré tout », affirment les deux médias.

La détermination supposée du chancelier à donner son feu vert à cette acquisition a suscité des critiques, jusqu'au sein de la coalition formée par les sociaux-démocrates avec les Verts et les libéraux. « Ce n'est bon ni pour notre économie, ni pour notre sécurité », a commenté le codirigeant des Verts, Omid Nouripour, sur le portail t-online.

Eviter de faire l'erreur comme avec la Russie

Pour Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangère « l'Allemagne doit faire preuve de prudence dans ses relations économiques avec la Chine et ne pas commettre de nouveau l'erreur, comme avec la Russie, de dépendre d'un pays qui ne partage pas [ses] valeurs ». Elle argumente : « La Chine a changé ces dernières années, elle s'isole du monde, menace d'agir militairement contre Taïwan et tente d'imposer ses propres règles en lieu et place des normes internationales. » La Chine « aurait une influence sur tous les grands ports européens et pourrait les monter les uns contre les autres », a de son côté réagi Johannes Vogel, vice-président du parti libéral FDP, dans un message retweeté par le ministre des Finances, Christian Lindner. Même tonalité dans les rangs de l'opposition. « L'intention du chancelier de donner à la Chine une influence considérable sur cette infrastructure via l'entreprise publique Cosco serait une erreur stratégique », a fustigé sur Twitter le chrétien-démocrate Norbert Röttgen, chargé des relations internationales au sein de la CDU.

Un voyage en Chine prévu en novembre

Tout en souhaitant diversifier les partenaires économiques de l'Allemagne, Olaf Scholz ne compte pas tourner le dos à Pékin : « nous ne devons pas nous détacher de certains pays, nous devons continuer à faire des affaires avec certains d'entre eux - je dis expressément : également avec la Chine », a-t-il souligné mardi devant les industriels de la fédération allemande de la construction mécanique (VDMA). Selon plusieurs médias allemands, le chancelier envisage de se rendre en Chine en novembre, dans ce qui serait le premier voyage d'un dirigeant du G7 dans ce pays depuis le début de la pandémie de Covid-19.

 (Avec AFP)