200 milliards d'euros, l’énorme « coup de pouce » d’Olaf Scholz pour plafonner les prix de l'énergie en Allemagne

Olaf Scholz a annoncé ce mercredi le déblocage de 200 milliards d'euros pour plafonner les prix de l'énergie et soulager les consommateurs face à l'inflation galopante. Elle a atteint 10% sur un an en septembre, soit la valeur la plus élevée enregistrée depuis décembre 1951. Une flambée des prix qui n'a pas empêché les Allemands de se chauffer plus que d'ordinaire la semaine dernière. Les autorités allemandes rappellent que, « sans économies considérables », les pénuries ne pourront être évitées cet hiver dans le pays.
« Les prix doivent baisser (...), le gouvernement allemand va tout faire pour les faire baisser » aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, a déclaré le chancelier allemand.
« Les prix doivent baisser (...), le gouvernement allemand va tout faire pour les faire baisser » aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, a déclaré le chancelier allemand. (Crédits : POOL)

Le gouvernement allemand sort le carnet de chèques. Le chancelier allemand Olaf Scholz a en effet annoncé ce jeudi 29 septembre qu'une enveloppe de 200 milliards d'euros sera débloquée pour plafonner les prix de l'énergie.

« Les prix doivent baisser (...), le gouvernement allemand va tout faire pour les faire baisser » aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin, au terme de négociations gouvernementales sur la mise en place d'un nouveau plan de soutien au pouvoir d'achat.

Le gouvernement devait détailler dans la foulée les détails de ce nouveau dispositif qui s'ajoute à de précédentes mesures de soutien totalisant déjà environ 100 milliards d'euros.

« Nous nous trouvons dans une guerre de l'énergie pour la prospérité et la liberté », a ajouté le ministre des Finances, Christian Lindner, soulignant que la situation s'était aggravée « après le sabotage par des auteurs inconnus » des gazoducs Nord Stream en mer Baltique.

« Cette guerre de l'énergie a pour but de détruire une grande partie de ce que les gens ont personnellement construit pendant des décennies, de ce qui a été construit pendant des décennies dans la classe moyenne, l'artisanat et l'industrie. Nous ne pouvons pas accepter cela et nous nous défendons », a déclaré le ministre, présentant ces mesures d'aide comme « une réponse claire à Poutine ».

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L'énergie fait bondir l'inflation

La flambée des prix de l'énergie en Allemagne, couplée à une augmentation des prix des denrées alimentaires, conséquences de l'offensive russe en Ukraine, fait grimper l'inflation, qui a atteint en septembre la barre des 10% sur un an. Soit la valeur la plus élevée enregistrée depuis décembre 1951.

« Un plafonnement des prix du gaz pourrait atténuer quelque peu l'inflation à court terme », considère Ulrich Kater, chef économiste chez Deka. Et de préciser que « les choses ne s'amélioreront vraiment que si les capacités de transport de gaz liquide peuvent être rapidement étendues au cours de l'année à venir ».

L'indice des prix a gagné 2,1 points en glissement annuel par rapport à août, selon des chiffres provisoires de l'institut de statistiques Destatis publiés ce jeudi. L'indice des prix harmonisé, qui sert de référence par la Banque centrale européenne, culmine quant à lui à + 10,9%.

La crise énergétique provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine a été le déclencheur du ralentissement de la conjoncture dans la première économie européenne. « La principale raison de la détérioration des perspectives économiques est la réduction des exportations de gaz de la Russie », écrivent cinq instituts de prévision économique allemands (DIW, IFO, IFW, IWH et RWI) dans leur rapport d'automne, qui représentait 55% des importations de gaz en Allemagne avant la guerre.

Les instituts économiques prédisent une année 2023 difficile pour le pays, avec une inflation toujours plus élevée, attendue à 8,8%, et un recul du PIB de 0,4%. Ce n'est qu'en 2024 que l'inflation pourrait refluer autour de la barre des 2%, objectif défini par la Banque centrale européenne.

Mais l'Allemagne ne sera pas pour autant tirée d'affaire, expliquent les économistes. « Même si la situation se détend quelque peu à moyen terme, les prix du gaz devraient rester bien au-dessus des niveaux d'avant la crise. Cela se traduira par une perte durable de prospérité » pour la première économie européenne, préviennent-ils.

Les Allemands doivent faire des efforts

La flambée des prix de l'énergie n'a pas dissuadé les Allemands d'allumer leur chauffage. La consommation de gaz des foyers et commerces a en effet a bondi avec les premiers frimas de l'automne. Lors de la semaine du 19 septembre, la consommation moyenne a grimpé à 483 GWh, soit nettement plus que la moyenne des années 2018 à 2021 sur la même période (422 GWh par semaine), selon le rapport hebdomadaire de l'Agence fédérale des réseaux.

« Les chiffres de cette semaine sont très décevants. Il sera difficile d'éviter une situation de pénurie cet hiver sans économies considérables », a réagi Klaus Müller, chef de la Bundesnetzagentur dans un communiqué. Et de rappeler qu'une baisse de la consommation globale de gaz d'au moins 20% est nécessaire cet hiver pour prévenir tout risque de pénurie.

« La semaine dernière était certes plus froide que celle de la même période de l'an passé (...) » mais « il faudra continuer à faire des économies même quand les températures seront encore plus basses, et cela ne se fera pas tout seul », a-t-il insisté.

Les foyers et petits commerces représentent environ 40% de la consommation de gaz en Allemagne et ils n'ont jusqu'ici que « peu contribué » à réduire la consommation, note l'agence.

Un point positif, les réserves de gaz remplies à plus de 91%

Dans l'industrie, qui s'accapare les 60% restants, l'Agence a en revanche noté des économies en août et lors de la semaine écoulée. De nombreuses entreprises ont dû réduire leur production devant les coûts prohibitifs de l'énergie.

Un point positif néanmoins : les réserves de gaz du pays atteignent désormais 91,5%, souligne le rapport. Malgré ce bon niveau de remplissage des cuves, le pays doit toutefois remplir trois conditions pour pouvoir passer l'hiver sans avoir froid. Les plans d'augmentation des importations de gaz devront être réalisés, l'approvisionnement doit également rester stable chez les pays voisins et enfin « il faut économiser le gaz même quand il fera plus froid en hiver », a énuméré Klaus Müller.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 01/10/2022 à 11:39
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Coté entreprise , cette aide massive constitue t elle une distorsion de concurrence , c'est en tout cas une hypothèse retenue par Mario Draghi ? Coté Macron grand silence bien entendu

à écrit le 29/09/2022 à 23:11
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Les allemands, sous pression US, ont choisi de privilégier les "valeurs" plutôt que leur intérêt national. En clair, se tirer sans y être forcés une rafale dans le pied. Ils doivent maintenant en assumer les conséquences. Heureusement pour nous, c'es...

le 30/09/2022 à 9:12
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et comme toujours l'allemagne se moque des directives europeene sans que personne ne trouve a redire il y a deux europe celle que l'allemagne impose a tout les pays et celle que l'allemagne ne regarde que ces interets ce que m macron ou ne veut ...

à écrit le 29/09/2022 à 18:46
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Ce n'est pas une solution.;

à écrit le 29/09/2022 à 16:27
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C'est complètement absurde de faire ça

le 29/09/2022 à 16:43
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Les allemands se mettent au quoi qu’il en coute..

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