Les Italiens votent massivement contre la réforme de Renzi

Par latribune.fr  |   |  607  mots
Les Italiens ont rejeté massivement dimanche la réforme constitutionnelle portée par le chef du gouvernement Matteo Renzi. Ce dernier a démissionné.

Les Italiens rejettent massivement la réforme de Matteo Renzi, selon les estimations à l'issue de la fermeture des bureaux de vote, ce dimanche à 23 heures. Le « non » au projet de réforme constitutionnelle de Matteo Renzi auquel il a lié son destin politique, a recueilli entre 54 et 58% selon les premières estimations à la sortie des urnes.

Désavoué, Matteo Renzi a annoncé sa démission.

"Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là", a-t-il déclaré, ému, après sa défaite au référendum sur la réforme constitutionnelle, précisant qu'il remettrait sa démission lundi à l'issue d'un conseil des ministres.

La journée de lundi s'annonce très tendue sur les marchés. Marchés financiers et dirigeants européens redoutaient en effet qu'une victoire du "non"ne plonge l'Italie dans de nouvelles turbulences et fragilise son système bancaire, précipitant la zone euro dans une nouvelle crise. "Si le 'oui' l'emporte, l'Italie sera le pays le plus fort en Europe", promettait le président du Conseil, s'engageant à opposer immédiatement son veto au projet de budget européen pour contraindre ses partenaires européens à soutenir Rome dans la gestion de la crise des migrants et des réfugiés.

Limiter les pouvoirs législatitfs

Le texte institutionnel qui a été mis aux voix dimanche proposait notamment de limiter les pouvoirs législatifs du Sénat en lui retirant celui de renverser l'exécutif. Matteo Renzi le jugeait indispensable pour mettre fin à une instabilité chronique. Depuis 1948, l'Italie a connu 63 gouvernements. L'opposition redoutait un recul des contre-pouvoirs démocratiques et espérait aussi obtenir des élections législatives anticipées. Cette réforme constitutionnelle prévoyait aussi une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.

Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des "frondeurs" du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi, appellait à voter "non" en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement. Cette opposition était également unie dans son désir de chasser Matteo Renzi du pouvoir.

Ayant lié son avenir politique à une victoire du "oui", Matteo Renzi, arrivé au pouvoir en février 2014 sans passer par les urnes, n'a pas ménagé ses efforts au cours des dernières semaines, multipliant les interventions à la télévision, à la radio et sur internet pour tenter de convaincre les indécis, tous les sondages donnant le "non" gagnant.

Le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, s'était parallèlement efforcé de rassurer les investisseurs en affirmant au quotidien Avvenire qu'un rejet de la réforme constitutionnelle serait sans conséquence pour les finances publiques.

Fragilité du secteur bancaire

Les préoccupations des investisseurs s'expliquaient avant tout par la fragilité du secteur bancaire italien exposé à 360 milliards d'euros de créances douteuses. Le sort de la plus ancienne banque du monde encore en activité, Monte Dei Paschi di Siena, troisième établissement du pays, est également en jeu. La banque a besoin de lever de nouveaux capitaux à hauteur de cinq milliards d'euros pour avoir une chance de nettoyer son bilan, plombé par 46 milliards d'euros de créances douteuses. Avec le "non" Monte dei Paschi pourrait être contrainte de renoncer à l'opération, ce qui l'obligerait à appeler les pouvoirs publics à l'aide pour tenter d'échapper au dépôt de bilan. Une telle issue risquerait de provoquer une contagion désastreuse par effet de dominos dans le secteur.