Londres veut un Brexit... mais sans frontière avec un pays de l'UE, l'Irlande

Par latribune.fr  |   |  568  mots
Environ 30.000 personnes franchissent chaque jour sans le moindre contrôle les quelque 500 kilomètres (310 miles) de frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
Londres ne veut pas rétablir de postes-frontière entre l'Irlande du Nord et l'Irlande. Mais, pour Bruxelles, après avoir quitté l'Union européenne, il est logique que le Royaume-Uni ne bénéficie plus ni de l'union douanière ni du marché unique. Un vrai casse-tête.

C'est fait, le gouvernement britannique a publié sa position officielle sur la question de la frontière irlandaise. Dans un document ("position paper") rendu public ce mercredi 16 août, le gouvernement de Theresa May propose de maintenir la suppression de toute frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Parmi toutes les questions ouvertes avec les négociations du Brexit, c'est l'une des plus épineuses.

Car, d'une part, Bruxelles n'a eu de cesse de répéter que le pays ne devait pas s'attendre à bénéficier après le Brexit des mêmes avantages que ceux procurés par une appartenance à l'UE. En clair, quitter l'Union européenne, c'est quitter à la fois le marché unique et l'union douanière. Et d'autre part, laisser un pays de l'UE sans frontière avec le Royaume-Uni après le Brexit serait une exception a priori invraisemblable.

Risque de fragilisation de l'accord de paix de 1998

Sauf que le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, risquerait de fragiliser l'accord de paix ayant mis fin en 1998 à des décennies de violences meurtrières dans la région entre protestants favorables à la tutelle britannique et catholiques nationalistes irlandais. Et dans ce contexte sensible, environ 30.000 personnes franchissent chaque jour sans le moindre contrôle les quelque 500 kilomètres (310 miles) de frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.

Ainsi, en liant cette question à celle des futures relations commerciales, le gouvernement britannique tente de forcer la main au club des 27. Mais, pour les responsables européens, ce n'est pas la bonne façon de procéder. Bruxelles n'a cessé de le marteler : il faut d'abord régler ces trois sujets prioritaires, à savoir le sort des citoyens européens après la séparation, le montant de la facture de sortie, et la question de la frontière irlandaise, et cela, avant toute négociation commerciale.

Londres propose trois variantes

Mais Londres n'en démord pas, ces négociations de sortie doivent être discutées en même temps que le futur partenariat commercial.

"Nous avons des principes très clairs. Notre priorité est de s'entendre sur l'absence d'infrastructures frontalières qui seraient un retour aux postes-frontières du passé, ce qui est totalement inacceptable pour le Royaume-Uni", a écrit le ministère de David Davis en charge des négociations du Brexit dans un communiqué.

Pour arriver à ce résultat, le gouvernement britannique propose deux approches à l'UE: un "nouveau partenariat douanier" qui permettrait "qu'il n'y ait pas de frontière du tout entre le Royaume-Uni et l'Irlande", ou bien "des arrangements douaniers", qui pourraient inclure notamment la suppression de déclarations d'entrée et de sortie des biens et des accords commerciaux spécifiques à l'Irlande du Nord.

| LireBrexit : Bruxelles ne veut pas discuter "d'une période de transition" pour le moment (mardi 15 août)

Dans ce bras de fer sur la hiérarchie des questions à traiter, le gouvernement irlandais a pour sa part salué les propositions britanniques tout en rappelant que "l'objectif immédiat des prochaines sessions de négociations demeure d'avancer sur (...)  les droits des citoyens et le règlement financier ainsi que les questions spécifiques à l'Irlande", c'est-à-dire, en rappelant les trois piliers de la discussion préliminaire voulue par l'UE.

(avec AFP et Reuters)