Migrants : un "sommet décisif" pour une Europe divisée sur la question migratoire

Par latribune.fr  |   |  700  mots
Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini avait refusé d'accueillir l'Aquarius, le navire qui avait secouru 629 migrants en mer Méditerranée. (Crédits : Reuters)
Les dirigeants européens travailleront, dès ce jeudi 28 juin à Bruxelles et jusqu'à vendredi, sur la crise politique liée au flux de migrants qui envenime les relations entre États membres et fragilise les exécutifs nationaux, à moins d'un an des élections européennes.

Le nouveau Conseil européen s'annonce houleux. Après les remous causés par l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir en Italie et le choix (spectaculaire) du gouvernement italien de refouler les bateaux ayant secouru les migrants, les vingt-huit chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne vont débattre, les 28 et 29 juin à Bruxelles, sur la façon de réguler les flux de migrants vers le Vieux-Continent.

Dans une lettre adressée aux dirigeants de l'UE, Donald Tusk, le président du Conseil européen, leur a (déjà) demandé de valider la mise en place de plateformes de débarquement régionales en dehors de l'Europe pour les migrants et les réfugiés, d'allouer des fonds spécifiques dans le budget européen dès 2021, et a plaidé pour une meilleure collaboration avec des pays Tiers, comme la Libye, d'où partent de nombreux migrants.

"L'Europe face à son destin"

Après la crise déclenchée par l'Aquarius, les dirigeants de 16 pays de l'UE se sont déjà réunis le 24 juin, à la demande de la Commission européenne, sous la forme d'un mini-sommet d'urgence, pour désamorcer la crise migratoire. Mais au lieu d'apaiser les tensions, la réunion a creusé les divisions : la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie ont tout simplement boycotté le sommet, refusant toute négociation sur le projet de quotas de répartition des réfugiés voulu par Angela Merkel.

De son côté, l'Italie, par la voix de son nouveau ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, souhaite un système de "partage de l'accueil" pour des migrants sauvés en Méditerranée à condition que cet accueil ne s'effectue plus systématiquement dans ses ports. La possibilité de mettre en place des camps européens sur le sol libyen avait aussi fait son petit bonhomme de chemin, aussitôt écartée par le vice-premier ministre Ahmed Miitig.

La position française

Pour l'Élysée, obtenir l'accord des Vingt-Huit sur la nécessité de continuer à chercher une solution européenne concertée sera encore plus important que la liste des actions qui seront actées ou confirmées par les dirigeants.

"L'Europe est face à son destin (...) Elle est menacée dans son unité et ses fondamentaux", a déclaré le ministre français des Affaires européennes Jean-Yves Le Drian, devant l'Assemblée nationale.

Selon Reuters, le président français devrait porter au Conseil, avec son partenaire espagnol, l'idée d'ouvrir dans les pays européens d'arrivée des centres fermés où la situation des migrants serait examinée. Pour aboutir, cette initiative devra s'accompagner d'un renforcement de la solidarité à l'égard de ces pays - pour traiter les demandes, expulser ceux qui n'ont pas obtenu l'asile et accroître les relocalisations.

Tsipras souhaite un accord avec l'Allemagne

Aucune solution définitive n'étant attendue à l'issue du Conseil, la chancelière allemande s'est déjà prononcée en faveur d'accords bilatéraux, trilatéraux et multilatéraux. D'ailleurs, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré au Financial Times mercredi qu'il était ouvert à l'idée d'un accord particulier avec Berlin pour réduire les "mouvements secondaires" des réfugiés arrivés en Europe par les frontières sud du bloc communautaire, bien que cela aura peu de conséquences pour la Grèce (selon lui) où les demandes s'asile oscillent entre 50 et 100 par mois.

Le nombre de migrants a chuté depuis l'été 2017

Comme le relève Le Monde, le sujet de l'immigration est en tête de tous les agendas politiques européens. Pourtant, si l'Europe a vécu, entre 2014 et 2017 le plus grand afflux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale (avec un pic de plus d'un million de migrants recensés en 2015), le nombre d'arrivées sur les côtes européennes à considérablement chuté depuis l'été 2017.

Le principal enjeu pour les pays européens est désormais plutôt de gérer les centaines de milliers de migrants arrivés ces deux dernières années. Avec deux objectifs : l'intégration des personnes autorisées à rester et l'expulsion des déboutées.

(avec Agences)