Moscovici espère des efforts budgétaires à une Italie réfractaire

Par latribune.fr  |   |  626  mots
L'UE espère un geste important de l'Italie dans son budget. (Crédits : Francois Lenoir)
L'Union européenne attend de l'Italie une action significative sur son budget de l'année 2019. Le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a jugé que le contrôle de la dette publique italienne était dans l'intérêt de l'Italie. Il a néanmoins admis que les discussions risquaient d'être difficiles avec le nouveau gouvernement italien, ouvertement eurosceptique.

Pierre Moscovici a demandé à Rome de réaliser un "effort important" pour son budget 2019 et, estime plus que difficiles les discussions avec le nouveau gouvernement antisystème italien, même si la Commission entend être "constructive".

"Nous nous attendons à un effort structurel important", a déclaré M. Moscovici, dans un entretien au quotidien économique Il Sole 24 Ore, en soulignant qu'il était "dans l'intérêt de l'Italie de contrôler la dette publique".

Une dette publique élevée à 132%

L'effort structurel requis, de 0,6%, est un "retour à la normalité après l'effort réduit prévu cette année" (une baisse de 0,3% contre 0,6% prévu par les règles européennes), qui avait été autorisé en raison "de la fragilité de la reprise", a-t-il expliqué.

Cette fameuse dette publique s'élève à 132% du PIB, ratio le plus élevé de la zone euro juste derrière la Grèce (180%).

Pierre Moscovici a indiqué que dépasser le seuil de 3% de déficit par rapport au PIB provoquerait des "difficultés que nous ne voulons pas imaginer"..

"J'encourage le gouvernement à agir de manière à ce que la mise en oeuvre du budget soit prudente et respectueuse des engagements de l'Italie, afin de minimiser le risque de dérive des comptes publics", a ajouté le Commissaire, en soulignant avoir transmis ce message au ministre de l'Economie, Giovanni Tria, un interlocuteur qu'il juge "sérieux et raisonnable".

Il a précisé que la Commission commencerait "bientôt" ses discussions avec l'Italie.

"A la lumière de certaines déclarations, les discussions risquent de ne pas être faciles, mais je ferai tout afin qu'elles soient constructives malgré le ton dans certains cas impoli de ces affirmations et malgré l'orientation budgétaire qu'elles font craindre", a-t-il encore dit.

Une Italie trop réfractaire vis-à-vis de l'Europe

Le gouvernement formé par le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue (extrême droite) ont été élus sur un programme ouvertement opposé aux contraintes budgétaires européennes.

Le 15 août dernier, Mateo Salvini avait saisi l'occasion de l'effondrement du viaduc de Gênes qui a tué près de 43 personnes, pour blâmer une nouvelle fois l'Union européenne: "en 2018, il n'est pas possible de mourir ainsi. S'il y a des contraintes européennes qui nous empêchent de dépenser de l'argent pour sécuriser les écoles où vont nos enfants ou les autoroutes sur lesquelles voyagent nos travailleurs, nous nous mettrons toujours en avant la sécurité des Italiens".

Le vice-président du Conseil Luigi Di Maio n'avait ainsi pas exclu mardi que le gouvernement puisse s'affranchir de la règle européenne limitant le déficit à 3% du PIB afin de pouvoir réaliser son programme. Mais Giovanni Tria avait ensuite cherché à rassurer les marchés déclarant que l'Italie ne prévoyait pas de dépasser ce seuil.

"Qui fait un procès à la commission fait un procès à la lumière des faits"

Moscovici a souligné que "L'Italie ne peut se plaindre de la Commission européenne", qui a "toujours été à ses côtés pour soutenir la croissance". C'est "le pays qui a bénéficié le plus de la flexibilité budgétaire", a-t-il ajouté.

Au cours des années passées, "nous avons tenu compte de circonstances exceptionnelles: la sécurité, les tremblements de terre terribles, l'urgence migratoire. Qui fait un procès à la Commission fait un procès absurde à la lumière des faits", a-t-il encore noté.

( Avec agences)