Moscovici : pas d'amende pour l'Espagne, pour "éviter un sentiment d'humiliation"

Par latribune.fr  |   |  358  mots
"Imposer des amendes aurait généré un sentiment anti-européen et une perception d'humiliation dans un pays comme l'Espagne, qui a fait énormément de sacrifices ces derniers temps", affirme le Français Pierre Moscovici.
La Commission européenne a renoncé à infliger une amende pour déficit excessif à l'Espagne. Le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, explique pourquoi dans un entretien à El Pais.

La Commission européenne a renoncé à infliger une amende pour déficit excessif à l'Espagne et au Portugal pour éviter "un sentiment d'humiliation", affirme dimanche dans le quotidien espagnol El Pais le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. "Imposer des amendes aurait généré un sentiment anti-européen et une perception d'humiliation dans un pays comme l'Espagne, qui a fait énormément de sacrifices ces derniers temps", affirme le Français Pierre Moscovici, après que la Commission a renoncé à sanctionner l'Espagne et le Portugal pour dérapage budgétaire.

En 2015, le déficit public espagnol avait atteint 5,1% du PIB, un chiffre bien au-dessus du plafond de 3% fixé par le pacte de stabilité et des objectifs de la Commission, de 4,2%. "Les Espagnols ont fait des efforts considérables", souligne Pierre Moscovici, après des années de crise économique et d'austérité budgétaire, ajoutant que "l'approche corrective n'est pas la plus adéquate, alors que nous voyons comment les citoyens doutent de l'UE".

En février, il avait exhorté les Espagnols à "respecter les recommandations" et à "être très rigoureux". Les promesses faites par le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, "devront être respectées", avertit le commissaire européen, agitant la menace du gel de fonds structurels européens. M. Moscovici demande dès cette année des "mesures fiscales structurelles qui apportent cinq milliards d'euros" au budget espagnol, pour atteindre l'objectif de déficit exigé par la Commission de 4,6% du PIB en 2016 et 3,1% en 2017, ce qui supposerait de nouvelles mesures d'économies.

Luis de Guindos a annoncé en juillet une hausse de l'impôt sur les sociétés, qui devrait selon Madrid rapporter environ sept milliards d'euros. Le gouvernement sortant du conservateur Mariano Rajoy, qui expédie les affaires courantes depuis les législatives de décembre 2015 après lesquelles son parti, sans majorité absolue, n'est pas parvenu à trouver d'alliés pour gouverner, ne peut pas approuver de nouveau budget.

L'Espagne connaît une croissance économique parmi les plus fortes de la zone euro, de 3,2% en 2015, et selon ses prévisions, de 2,9% en 2016, mais son taux de chômage reste très élevé, à 20%. (AFP)