Pêche post-Brexit : de la "mauvaise foi" de Londres et un risque d'"exclusion graduelle des pêcheurs français", selon le Sénat

Par latribune.fr  |   |  477  mots
Près de 25% des captures françaises sont effectuées dans les eaux britanniques. (Crédits : Reuters)
Un rapport sénatorial pointe la "passivité" de l'Union européenne dans les négociations avec l'ex-membre. Selon ce dernier, "l'incertitude subsiste quant au modèle qui sera choisi par les Britanniques pour la gestion des stocks dans leurs eaux après 2026".

"Il faut continuer à se battre", a alerté le sénateur Alain Cadec, auteur d'un rapport qui ne prend pas de pincettes sur le sujet épineux des licences de pêches accordées par la Grande-Bretagne aux pêcheurs français, suite à la sortie du pays de l'Union européenne. Tandis que le gouvernement français estime avoir "sécurisé" plus de 93% de ses demandes de licences, autorisant l'activité aux large des îles britanniques pour 1.034 pêcheurs, le rapport sénatorial publié mercredi est alarmiste. Et d'évoquer plus clairement un risque d'"exclusion graduelle des pêcheurs français des eaux britanniques."

Début décembre, l'île de Guernesey a accordé 43 nouvelles licences de pêche (sur 58 demandées) à des bateaux français, les autorisant ainsi à continuer à pêcher dans ses eaux après le 1er février 2022. Selon la ministre française de la Mer Annick Girardin "111 licences restent à obtenir" restait alors à obtenir.

"Il reste encore 74 licences qui n'ont pas été accordées, ce qui n'est pas acceptable", avance pour sa part le vice-président de la commission des affaires européennes du Sénat, au cours d'une conférence de presse.

Aussi, le rapport fustige la "mauvaise foi" de Londres, mais aussi la "passivité" de la Commission européenne et la difficulté de Paris à défendre une filière qui représente, "de la mer à l'assiette", environ "100.000 emplois" et pour la seule activité de pêche 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

La gestion des stocks après 2026

En vertu de l'accord de commerce post-Brexit, tous les pêcheurs européens devront renoncer à 25% de leurs prises dans les eaux britanniques à l'été 2026.

Pour le sénateur LR des Côtes-d'Armor, les "quelques licences" encore attendues ne sont "pas anecdotiques": le succès ou l'échec de la France dans ce dossier donnera le ton de toutes les prochaines négociations avec le Royaume-Uni.

Alors que les modalités techniques de pêche n'ont encore été arrêtées pour les licences octroyées, le rapport alerte sur "l'incertitude qui subsiste quant au modèle qui sera choisi par les Britanniques pour la gestion des stocks dans leurs eaux après 2026".

Déjà, rappelle le sénateur Cadec, les Britanniques ont annoncé l'imposition de nouvelles normes pour certains maillages de filets pour janvier 2022 et ont tenté d'imposer, avant d'y renoncer, des quotas et périodes de pêches pour les licences post-Brexit accordées.

Le rapport appelle à "s'accorder au niveau européen pour imposer aux Britanniques le principe de négociations pluriannuelles pour les quotas de pêches après 2026, comme cela existe avec d'autres Etats tiers", ce qui permettrait de sécuriser économiquement les pêcheurs.

Près de 25% des captures françaises sont effectuées dans les eaux britanniques, tandis que 70% des produits de la mer britanniques sont exportés vers l'Europe.

(avec AFP)