Présidentielle 2017 : il serait "imprudent" de faire reposer un programme sur les taux bas actuels (Coeuré, BCE)

Par latribune.fr  |   |  376  mots
"J'espère aussi que les gouvernements de la zone euro savent que les taux d'intérêt ne vont pas rester à leur niveau actuel", a-t-il ajouté.
Le membre du directoire de la BCE a prévenu les États d'une hausse future des taux d'intérêts. Benoît Coeuré a par ailleurs mis en garde les candidats à la présidentielle française qui tablent sur un maintien des taux pour établir leur programme économique.

Les acteurs économiques, notamment les Etats, doivent se préparer à un environnement de taux d'intérêt qui sera moins favorable qu'actuellement, a déclaré lundi Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne.

"Il est clair que le secteur financier et les autres acteurs économiques, notamment les Etats, doivent se préparer à un environnement de taux d'intérêt plus élevés", a-il affirmé lors d'une conférence à Paris organisée par le Club de Gestion financière d'associés en finance.

"J'espère aussi que les gouvernements de la zone euro savent que les taux d'intérêt ne vont pas rester à leur niveau actuel", a-t-il ajouté, en se gardant de se prononcer sur "la manière dont se terminera" la politique accommodante de la BCE, "car le conseil des gouverneurs n'a pas encore eu cette discussion".

Doutes sur les projections économiques des candidats à la présidentielle

Benoît Coeuré a souligné au passage que ceux qui font des projections sur l'évolution de la dette de la France à un horizon de cinq ans devraient le prendre en compte. Soulignant :

"Les différentes équipes qui, aujourd'hui, font des projections pour le niveau de déficit français sur les cinq prochaines années ont compris que l'on ne pouvait pas prendre comme hypothèse que les taux resteraient au niveau actuel. Ce serait très imprudent."

Selon le membre du directoire de la BCE, la hausse des taux serait une bonne nouvelle. car elle "démontrerait que notre économie va mieux" et que les Etats ont adopté des "réformes" pour renouer avec la croissance, rappelant que le "niveau actuel des taux est un reflet de circonstances exceptionnelles".

"C'est très efficace du point de vue de la politique monétaire mais ce n'est pas bon pour les banques, ça érode la marge d'intérêt. Si ça dure trop longtemps, ça fragilise le secteur bancaire dans une économie [européenne] qui est comme on sait à 80% dépendante de l'intermédiation bancaire."

Début mars, la BCE avait sans surprise laissé ses taux directeurs inchangés mais son président Mario Draghi avait évoqué d'un ton légèrement plus encourageant l'état de l'économie.

(avec AFP et Reuters)