Sapin et ses collègues européens ne craignent pas les élections grecques

Par latribune.fr  |   |  759  mots
Démissionnaire, le premier ministre grec Alexis Tsipras a convoqué des élections le 20 septembre
Les ministres de la zone euro constatent que tous les partis susceptibles de l'emporter ont accepté les conditions fixées en juillet à la Grèce

Après des mois de psychodrame, la zone euro a affiché samedi une grande sérénité à l'approche des élections grecques qui ne devraient pas fondamentalement remettre en cause, selon elle, les engagements pris par Athènes pour obtenir un troisième plan d'aide.

"Il n'y a pas de raison particulière d'être inquiet aujourd'hui", a jugé Michel Sapin, le ministre français des Finances, reflétant le sentiment ambiant lors d'une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg."Tous les partis susceptibles d'être au pouvoir d'une manière ou d'une autre ont voté le plan, ce n'est pas compliqué, cela donne une stabilité", a développé M. Sapin.


"J'ai la sensation, y compris si je regarde les sondages, qu'il y a toujours une très nette majorité pour les partis qui ont soutenu la démarche" d'un nouveau programme d'aide en échange de réformes, a lui aussi estimé Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, à propos du scrutin législatif du 20 septembre en Grèce.
 L'ancien Premier ministre grec Alexis Tsipras a précipité ces élections en démissionnant le 20 août, après une scission au sein de son parti Syriza en réaction au lancement du troisième plan de sauvetage financier du pays.

Troisième vote cette année

C'est la troisième fois cette année que les Grecs sont appelés à voter, après les élections de janvier qui ont amené Syriza au pouvoir et le référendum sur les mesures d'austérité, qui a failli déchirer la zone euro.

Lors des deux scrutins, la Commission européenne n'avait pas caché ses inquiétudes, s'ingérant même dans la campagne. Fin 2014, son patron, Jean-Claude Juncker, avait évoqué sa préférence pour que des "visages familiers" arrivent au pouvoir en Grèce. Pour le référendum du 5 juillet, le Luxembourgeois était allé encore plus loin, faisant activement campagne pour le "oui". "Un "+non+ voudrait dire (...) que la Grèce dit +non+ à l'Europe", avait-il lancé. Le "non" l'avait emporté très largement.

"Que les Grecs tiennent parole"


Cette semaine, lors de son premier discours sur l'état de l'Union européenne, M. Juncker s'est contenté de demander aux Grecs "qu'ils tiennent parole et respectent l'accord quel que soit le gouvernement qui gouverne", concentrant l'essentiel de son discours sur la crise des migrants qui a éclipsé les turbulences grecques.
Même au sein de l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro, le ton est plus apaisé qu'en juillet.

Siriza en tête

L'Autrichien Hans-Jörg Schelling, pourtant du camp des faucons vis-à-vis d'Athènes, s'est dit "convaincu que la Grèce va faire ce qui a été convenu". "Quand la campagne électorale sera finie, on arrivera au résultat selon lequel tous respecteront ce qui a été convenu", a-t-il prédit.

"Le programme (d'aide) est indépendant de la couleur politique du gouvernement" à venir, a renchéri l'Espagnol Luis De Guindos samedi à Luxembourg.

Selon un sondage publié vendredi, Syriza recueillerait 28,5% des voix, devançant de 5 points le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) d'Evangélos Meïmarakis. Les sondages précédents donnaient ces deux formations, favorables aux réformes exigées par Bruxelles, au coude à coude.

Malgré le calme manifesté par les Européens, il n'y aura pas de temps à perdre après les élections car de nombreuses étapes sont attendues en octobre --dont la première "revue" des créanciers pour décider ou non du déblocage de nouveaux fonds en fonction de l'avancée des réformes--, ainsi qu'une décision cruciale sur la dette grecque.

Le FMI veut un engagement européen à réduire la dette

D'un engagement des Européens à réduire la dette --qui doit grimper à 200% du PIB avec le nouveau programme de 86 milliards d'euros-- dépend la participation du FMI au plan d'aide à la Grèce, jugée comme indispensable par un pays comme l'Allemagne.

"Le débat sur la restructuration de la dette grecque va être intense en octobre et en novembre, en admettant que tout se passe bien avec la première revue", admettait samedi un observateur.

Dans tous les cas, la Grèce aura besoin d'argent frais "avant la fin de l'année", soulignait une source proche des discussions, sans préciser les prochaines grandes échéances de remboursement. Athènes a jusqu'ici reçu 13 milliards d'euros de la zone euro. Cette somme a principalement servi à rembourser la BCE et un prêt-relais fourni en urgence courant juillet.

 
AFP