Travailleurs détachés : Macron s'est trouvé des alliés à l'Est

Par latribune.fr  |   |  627  mots
La France, qui a rejeté en juin le projet de révision de la directive car il n'allait, selon elle, pas assez loin, a quelques semaines pour trouver des compromis avec les pays opposés cette refonte.
La République tchèque et la Slovaquie ont fait état d'un accord avec le président français Emmanuel Macron, qui veut mettre fin à la "trahison de l'esprit européen" que constitue selon lui le fonctionnement actuel du travail détaché. La Roumanie n'a pas exprimé d'accord clair.

| Article publié à 8h51, mis à jour à 15h21.

À l'Est, du nouveau. La République tchèque et la Slovaquie ont apporté leur soutien mercredi à l'offensive française pour durcir davantage les règles du travail détaché, au premier jour d'une tournée de trois jours d'Emmanuel Macron en Europe centrale et orientale.

Après une réunion de travail avec le président français et les Premiers ministres tchèque et slovaque, le chancelier autrichien a fait état d'un accord entre les quatre pays pour obtenir en octobre une révision de la directive européenne avec des critères s'approchant des demandes françaises. Désireux d'obtenir au conseil européen d'octobre "une solution, un compromis", le chef d'Etat autrichien Christian Kern a souligné l'importance de résoudre "trois points essentiels" : la durée du détachement, qui doit être inférieure à 24 mois, le respect du principe "du même salaire pour le même travail" et une meilleure collaboration en matière de contrôle des fraude.

Paris souhaite limiter la durée du travail détaché à 12 mois, contre deux ans prévu aujourd'hui, et prendre toute les périodes de travail détaché en compte dans ce calcul. La France veut aussi s'assurer que les travailleurs détachés perçoivent tous les éléments de rémunération obligatoires dans le pays d'accueil. Elle souhaite en outre renforcer la lutte contre la fraude et les abus, avec des sanctions effectives.

[Crédits : Statista.]

"Des paramètre restent à affiner" pour Macron

Emmanuel Macron, qui veut mettre fin à la "trahison de l'esprit européen" que constitue selon lui le fonctionnement actuel du travail détaché en favorisant "les pays qui font la promotion du moindre droit social", a salué la "bonne volonté" de la République tchèque et de la Slovaquie.

"Je suis satisfait des échanges d'aujourd'hui avec les avancées très concrètes sur le travail détaché. [...] Nous sommes d'accord sur [les principaux] points, il nous reste à affiner les paramètres dans les semaines à venir pour trouver un compromis intelligent en octobre."

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a promis de tout faire, avec la République tchèque, "pour que l'ensemble du groupe de Visegrad se joigne" à leurs positions. Les deux autres membres du groupe, Pologne et Hongrie, sont réticents à durcir les règles du travail détaché.

Soutient roumain du bout des lèvres, Hongrie et Pologne restent à convaincre

Emmanuel Macron a rencontré jeudi à Bucarest le président et le Premier ministre roumains, Klaus Werner Iohannis et Mihai Tudose, et s'envolera dans la soirée pour Varna (Bulgarie), où il s'entretiendra vendredi avec le président et le Premier ministre, Roumen Radev et Boïko Borissov.

Le président roumain a que la directive européenne sur le travail détaché devait être améliorée, sans exprimer d'accord clair avec Emmanuel Macron sur la nécessité de le faire d'ici janvier et selon les termes du président français. Confiant dans son objectif de trouver un accord d'ici la fin de l'année, le président français a ajouté qu'il soutiendrait l'entrée de la Roumanie dans l'espace Schengen, une fois que les règles de cet espace auront été rénovées.

La France, qui a rejeté en juin le projet de révision de la directive car il n'allait, selon elle, pas assez loin, a quelques semaines pour trouver des compromis avec les pays opposés cette refonte. Des négociations sur des règles spécifiques pour le transport routier, sur lesquelles l'Espagne et le Portugal sont particulièrement vigilants, auront lieu dans un second temps. Mais la France souhaite que l'encadrement du travail détaché concerne également ce secteur.

(avec Reuters)