Tsipras-Poutine : ce qu'il faut retenir de la rencontre

Par latribune.fr avec AFP et Reuters  |   |  609  mots
Le président russe a annoncé que la Russie pourrait allouer à terme des crédits pour financer des projets communs entre les deux pays. La Grèce rembourserait ces prêts sur les bénéfices issus de ces projets.
Vladimir Poutine a écarté mercredi une aide financière russe ou une levée de l'embargo alimentaire pour Athènes, mais fait miroiter des crédits pour financer des projets communs. De son côté, le Premier ministre grec a appelé à un abandon des sanctions contre la Russie.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras rencontrait mercredi 8 avril le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, lors d'une visite que les Européens considèrent avec méfiance en raison des positions conciliantes du nouveau pouvoir grec à l'égard de la Russie. Revue de détail des principales déclarations formulées par les deux protagonistes.

  •  Tsipras appelle à un abandon des sanctions contre la Russie

"Pour résoudre cette crise profonde (en Ukraine), il faut abandonner le cercle vicieux des sanctions, qui ne contribuent pas à la défense du droit international", a déclaré Alexis Tsipras. Le Premier ministre grec a précisé que l'économie grecque avait "grandement souffert" de l'embargo alimentaire décrété par la Russie l'été dernier dans le cadre de sa politique de contre-sanctions.

Vladimir Poutine a par ailleurs jugé que Moscou ne pouvait exempter la Grèce de l'embargo sur certains produits alimentaires décrété par Moscou au niveau européen en représailles aux sanctions décidées l'an dernier par l'UE à cause de la crise ukrainienne.

Toutefois, le ministre russe de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, avait évoqué plus tôt mercredi la possibilité de l'assouplir pour la Grèce.

"Nous évoquerons cette question en profondeur demain (jeudi) lors d'une rencontre du Premier ministre Dmitri Medvedev avec le Premier ministre grec à laquelle je participerai, avait déclaré le ministre.

  • La Grèce ne sollicite aucune aide auprès de la Russie

Alexis Tsipras n'a pas réclamé d'aide à la Russie pour faire face aux difficultés financières de son pays, a assuré Vladimir Poutine.

Lors d'une interview publiée lundi par le quotidien financier Naftemboriki, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis avait affirmé que la Grèce ne cherchait pas d'assistance financière ailleurs qu'auprès de ses partenaires européens.

  • Des crédits pour financer des projets communs

Le président russe a expliqué que la Russie pourrait toutefois allouer à terme des crédits pour financer des projets communs entre les deux pays. La Grèce rembourserait ces prêts sur les bénéfices issus de ces projets.

Le président russe a notamment parlé d'une "coopération dans plusieurs secteurs de l'économie, notamment de la possibilité de mener ensemble de grands projets énergétiques." Il a évoqué le projet de gazoduc Turkish Stream, qui doit transporter du gaz naturel russe vers l'Europe, ajoutant toutefois que toute décision sur une participation grecque dépendrait d'Athènes.

Enfin, Vladimir Poutine a également déclaré que la Russie pourrait être intéressée par des opérations de privatisation en Grèce si le gouvernement Tsipras décidait d'en mener.

  • Tsipras assure que la solution sera "européenne"

Alexis Tsipras a indiqué que la Grèce n'entendait pas aller de pays en pays pour leur demander de régler un problème européen qui, a-t-il souligné, nécessite une solution européenne:

"L'objectif de cette visite (en Russie), c'est que nous prenions un nouveau départ dans nos relations, dans la recherche de la paix et de la sécurité" en Europe.

Et de renchérir:

"La Grèce n'est pas une mendiante qui va de pays en pays pour leur demander de régler ses problèmes économiques et une crise économique qui ne concerne pas seulement la Grèce mais qui est une crise européenne [...] La Grèce est un pays souverain qui a le droit inaliénable de mener une politique étrangère multidimensionnelle et de chercher à jouer un rôle géopolitique."

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