Wagner à deux pas de la Pologne : « La situation devient de plus en plus dangereuse », s'inquiète Varsovie

Par latribune.fr  |   |  711  mots
Mateusz Morawiecki, le chef du gouvernement polonais. (Crédits : CARLOS OSORIO)
Un groupe d'une centaine de mercrenaires du groupe russe Wagner s'est rapproché de la ville biélorusse de Grodno, près de la frontière polonaise, a déclaré samedi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.

La tension monte à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Alors que la Pologne a envoyé la semaine dernière plus de 1.000 soldats à la frontière après l'arrivée de forces de la milice russe Wagner en Biélorussie, à 5 kilomètres de la Pologne, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé ce samedi qu'une centaine de mercenaires de Wagner s'était rapproché de la ville biélorusse de Grodno, près des  frontières polonaise et lithuanienne.

« La situation devient de plus en plus dangereuse (...) Il est très probable qu'ils (les miliciens de Wagner) se déguiseront en garde-frontières biélorusses et aideront les migrants illégaux à pénétrer sur le territoire polonais (et) afin de déstabiliser la Pologne », a déclaré Mateusz Morawiecki lors d'une conférence de presse à Gliwice, dans l'ouest de la Pologne.

« Ils essaieront très probablement d'entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux, ce qui constitue une menace supplémentaire », a-t-il ajouté.

Ancien membre du Pacte de Varsovie et membre à part entière de l'alliance militaire de l'Otan depuis 1999, la Pologne s'inquiète d'une éventuelle propagation de la guerre sur son territoire depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022.

Anton Motolko, fondateur du projet d'opposition biélorusse Hajun, qui surveille les activités militaires dans le pays, a néanmoins déclaré à Reuters que son groupe n'avait vu aucune preuve que le groupe Wagner se rapprochait de Grodno. La ville occupe une position stratégique puisqu'elle se trouve à proximité de la trouée de Suwalki, une bande de terre située le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie, qui sépare la Biélorussie, alliée de la Russie, de l'enclave russe de Kaliningrad.

Varsovie et Vilnius envisagent de fermer leurs frontières

Ces déclarations du Premier ministre polonais interviennent au lendemain de celles de la Pologne et de la Lituanie assurant qu'elles envisageaient la possibilité de fermer leur frontière avec la Biélorussie en cas de provocations de la part de Wagner, lequel a a semé un vent d'inquiétude dans la région depuis que le régime de Minsk les a accueillis sur son sol après leur révolte en Russie.

« Ces considérations sont réelles. La possibilité de fermer la frontière existe », a déclaré vendredi aux journalistes le vice-ministre lituanien, Arnoldas Abramavicius.

La Lituanie et la Pologne ont averti à plusieurs reprises leurs alliés de l'Otan que les mercenaires de Wagner pourraient notamment se faire passer pour des demandeurs d'asile, dans une tentative de traverser la frontière entre la Biélorussie et l'UE.

« Il pourrait s'agir de groupes de réfugiés, de migrants irrégulièrement transférés dans le but de provoquer une sorte de troubles » à la frontière, a estimé Arnoldas Abramavicius.

De son côté, évoquant vendredi la présence des membres du groupe Wagner au Bélarus, le chef du parti nationaliste populiste au pouvoir en Pologne, Jaroslaw Kaczynski, a estimé qu'ils étaient là « pour provoquer différentes crises dirigées principalement contre la Pologne ».

Selon lui, la Pologne « se prépare, développe le système de défense, pour que ces provocations échouent ».

La veille, le ministre polonais de l'Intérieur, Mariusz Kaminski, a déclaré que « si nous trouvons une telle réponse adéquate nous conduirons à l'isolation totale du Bélarus et le régime bélarusse doit en tenir compte ». Déjà, même la circulation régulière à cette frontière est extrêmement limitée de par les sanctions réciproques imposées par Varsovie et Minsk.

« Wagner veut aller vers l'Ouest »

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko avait assuré le weekend dernier devant Vladimir Poutine « garder » Wagner dans le centre de son pays.

« Ils demandent à "aller vers l'ouest" (...) à Varsovie, Rzeszów », en Pologne, avait alors lancé Alexandre Loukachenko à propos des combattants de Wagner.

La Pologne et la Lituanie ont construit depuis deux ans des barrières le long de leurs frontières avec la Biélorussie et la Russie, accusant ces deux pays d'encourager les migrants désireux de gagner l'UE à tenter leur chance.

(Avec Reuters et AFP).