CAC 40 : tout le pouvoir aux directeurs financiers ?

Par Michel Cabirol  |   |  465  mots
Christophe de Margerie, PDG de Total Copyright Reuters
L'ex-patron de Sanofi, Jean-François Dehecq, estime qu'il y a "beaucoup plus de financiers que d'industriels" dans les conseils d'administration. Une revue de détails des profils des patrons du CAC 40 montre une montée en puissance des directeurs financiers.

Victime de la guerre entre Henri Proglio (EDF) et Antoine Frérot (Véolia), l'ex-patron de Sanofi, Jean-François Dehecq, est contraint ce mercredi de céder son siège d'administrateur de Veolia. Au-delà du nouvel épisode dans ce conflit, Jean-François Dehecq, qui dénonce « la vision comptable » d' Antoine Frérot, observe une tendance en France, qui se renforce : « il y a aujourd'hui beaucoup plus de financiers que d'industriels » dans les conseils d'administrations des groupes du CAC 40, a-t-il déclaré dans une interview au "Monde".

Est-ce vraiment le cas au moment où beaucoup dénonce une financiarisation excessive des entreprises ? En tout cas, de plus ne plus de directeurs financiers des groupes du CAC 40 sortent de l'ombre pour devenir les numéros 1 de leur entreprise. « Le poste de directeur financier est clairement devenu un tremplin pour accéder aux plus hautes responsabilités de l'entreprise », confirme le patron du cabinet-conseil en communication corporate VcomV, Vincent de la Vaissière. C'est le cas de Henri de Castries (AXA), de Bruno Lafont (Lafarge), de Christophe de Margerie (Total), de Frédéric Oudéa (Société Générale), de Guillaume Poitrinal (Unibail-Rodamco) et enfin de Michel Rollier, puis de Jean-Dominique Senard (Michelin), qui a été, entre autres, directeur financier de Total, de Saint-Gobain et de Pechiney. Quant à Jose-Luis Duran, il a dirigé Carrefour jusqu'en 2008.

Des numéro deux de plus en plus indispensables

Et quand ils ne sont pas encore dans le fauteuil du PDG, ils patientent en tant que numéro deux, ou comme tel, de leur entreprise. A l'image de l'ancien directeur financier de Pernod Ricard, l'ambitieux Emmanuel Babeau, aujourd'hui membre du directoire de Schneider Electric et considéré comme le numéro deux de Jean-Pascal Tricoire. C'est aussi le cas de Denis Duverne (Axa), d'Emmanuel Faber (Danone) et de Gervais Pellissier (France Telecom), qui se sont rendus indispensables, notamment pour tenir les rênes en temps de crise. Quant à Dominique d'Hinnin, l'un des quatre co-gérants de Lagardère, il est l'homme fort du groupe de médias.  Bertrand Badre a été considéré lui  comme le numéro deux du Crédit Agricole jusqu'à son départ.... comme directeur financier de la Société Générale en décembre 2011.

Enfin, il y a les directeurs financiers qui se forgent un destin dans une filiale de leur groupe ou dans une entreprise en-dehors du CAC 40, en tant que président. L'ex-directeur financier d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, vice-président exécutif est devenu président de la filiale Alstom Grid. Enfin, l'ex-directeur financier du groupe Accor, Jacques Stern, est aujourd'hui le président d'Edenred. Quant à Frédéric Saint-Geours qui avait rejoint PSA au poste de directeur financier adjoint, il a été nommé en janvier patron des marques Peugeot et Citroën.