Délocalisations : et si Arnaud Montebourg se trompait de combat ?

Par latribune.fr  |   |  473  mots
Arnaud Montebourg aurait-il tort sur les délocalisations?
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, doit annoncer vendredi ses propositions pour inciter les entreprises à relocaliser en France. Mais un rapport de l'Insee publié mercredi montre que ces pratiques ne concerneraient qu'une minorité des entreprises françaises, qui s'installeraient, de surcroît, en grande majorité dans l'Union Européenne...

Alors que le ministre du Redressement Productif dénonçait lundi lors d'un déplacement en Gironde des « années de délocalisations outrancières », il semblerait que l'Insee ait décidé de le faire mentir. Dans un rapport publié mercredi, l'organisme révèle que seulement 4,2% des 28.000 sociétés françaises non financières de 50 salariés ou plus ont délocalisé des activités à l'étranger entre 2009 et 2011. Est-ce suffisant pour jeter sur la délocalisation la responsabilité d'un chômage qui ne cesse de croître? Selon l'Insee, ces pratiques ont favorisé la suppression de 20.000 emplois en France, soit 0,3% de l'emploi salarié en 2011.

Souvent, ces sociétés sont déjà présentes à l'étranger par le biais de filiales, ou par un dynamisme à l'exportation. C'est pourquoi l'on retrouve en tête des pays d'accueil des délocalisations, l'Union Européenne, qui rassemble 55% des sociétés ayant délocalisé au moins une activité. La Chine, souvent montrée du doigt pour ses bas salaires, a attiré 18% des délocalisations d'entreprises basées en France, comme le montre la carte ci-après.

 

Selon l'enquête, ces délocalisations sont d'abord motivées par la recherche de coûts de mains d'oeuvre faibles, mais également par la perspective de toucher de nouveaux consommateurs. Les délocalisations vers la Chine et l'Inde peuvent donc s'expliquer en partie par la taille de leur marché intérieur. Au sein de l'Union européenne,  "les sociétés ont d'abord recherché la réduction des coûts de production autres que les salaires et les motifs sont plus diversifiés", explique le rapport.

L'envergure internationale d'une entreprise favorise les délocalisations

Par ailleurs, l'industrie manufacturière et les services de l'information et de la communication sont les domaines d'activités les plus friands de délocalisation : 8,8% des entreprises de ces deux secteurs ont choisi la délocalisation pour augmenter leur marge de man?uvre. Dans l'industrie manufacturière, la fabrication d'équipements électriques (25% de sociétés concernées) et celle de produits informatiques, électroniques et optiques (22%) sont particulièrement concernées. Dans les services d'information et de communication, ce sont surtout les services liés aux activités informatiques qui ont délocalisé (11%). À l'inverse, la construction, les transports, l'hébergement, la restauration et l'immobilier ont très peu délocalisé entre 2009 et 2011 (moins de 1% de sociétés concernées).

L'envergure internationale des groupes favorise cette stratégie de délocalisation: 12,7% des sociétés déjà présentes à l'étranger par le biais de filiales ont délocalisé au cours des trois dernières années. Ce taux atteint 20,8% lorsqu'elles appartiennent en plus à un groupe étranger. Les sociétés exportatrices ont également délocalisé beaucoup plus souvent (7,7%) que celles dont le marché est uniquement français (0,7%).

 

Voir le rapport de l'Insee