Le débat sur le statut de stagiaire relancé après la mort d'un jeune chez Bank of America

Par Hélène Haus  |   |  418  mots
Les bureaux de Merrill Lynch à Londres / Reuters
Un stagiaire de la filiale londonnienne de la Bank of America serait mort d'épuisement le 15 août dernier. Le jeune homme de 21 ans avait seulement dormi 9 heures en trois jours. Ce drame relance la polémique sur les conditions de travail des stagiaires en Grande-Bretagne.

Les entreprises abusent-elles de leurs stagiaires ? Un drame remet cette question à la Une des médias en Grande-Bretagne. Moritz Erhard, un étudiant allemand de 21 ans en stage chez Merrill Lynch, une filiale de la Bank of America, serait mort d'épuisement, à Londres, le 15 août dernier.

D'après The Independent, le jeune homme, qui souffrait apparemment d'épilepsie, aurait seulement dormi 9 heures en 72 heures, enchaînant pratiquement trois jours de travail. En Grande-Bretagne, la durée maximale de travail est fixée à 48 heures par semaine, mais la règlementation stipule, cependant, que les employés peuvent travailler plus "s'ils le souhaitent". Cette précision laisse sans doute une grande marge de manœuvre aux entreprises.

Trois mois d'épuisement

Selon un de ses collègues stagiaires, cité par The Guardian, le jeune homme, qui était payé 2.700 livres (3.100 euros) par mois, travaillait "très dur". "Nous travaillons généralement 15 heures par jour ou plus. On n'aurait pas pu trouver plus travailleur que lui", décrit-il.

Le site anglophone FinanceInterns, qui conseille les étudiants souhaitant faire carrière dans la finance, a commenté dans un long article une nouvelle "choquante", mais non "pas surprenante". "Les jeunes qui acceptent joyeusement un stage d"été pensent qu'ils vont pouvoir décrocher le job de leur rêve, se disent que ça va être un été plein d'espoir.  Mais, en réalité, ce sont les trois pires mois de leur vie à cause des heures supplémentaires de nuit, des week-ends travaillés..."

1,5 million de stagiaires en France

En Grande-Bretagne comme en France, l'été est souvent synonyme de période de stage pour les étudiants qui viennent la plupart du temps remplacer les salariés partis en vacances. Selon le collectif Génération précaire, l'Hexagone compte près d'1,5 million de stagiaires. Et les banques en sont friandes. Pourtant, la règlementation française stipule clairement que les stagiaires ne doivent pas suppléer un employé ou aider les entreprises à faire face à un accroissement temporaire d'activité.

Si la vision des stages où les jeunes se surmènent pour montrer "de quoi ils sont capables" est bel et bien réelle, elle n'en reste pas moins illicite puisque les stagiaires ne doivent normalement pas travailler autant qu'un salarié.

Dans un communiqué, Bank of America a déclaré que Moritz Erhardt était un jeune homme "apprécié de ses collègues" et un interne "très appliqué" avec "un futur prometteur". Un futur qu'il n'aura finalement pas la chance de connaître...