Paiement mobile : le marché français va-t-il (enfin) décoller ?

Par Christine Lejoux  |   |  656  mots
En 2012, deux ans seulement après ses débuts, Square comptait déjà deux millions d’utilisateurs, et affichait pas moins de six milliards de dollars de transactions annuelles. REUTERS.
Plus de la moitié des très petites entreprises françaises interrogées par Visa Europe jugent pertinentes les solutions d’encaissement mobile développées par des start-up comme Square mais également par les banques.

Il est minuit, vous vous trouvez devant la porte de votre appartement, et vous cherchez vos clés depuis cinq minutes déjà. En vain, puisque celles-ci se trouvent sur la porte, mais… à l'intérieur. Vous voilà donc contraint d'appeler un serrurier. Au moment de payer, problème : compte tenu de l'heure avancée, les quelques dizaines d'euros que vous avez sur vous en espèces ne suffiront nullement à régler l'artisan.

Lequel ne se déplace pas avec son terminal de paiement électronique sous le bras. Oublié, donc, le règlement par carte bancaire. Il ne vous reste plus qu'à espérer que votre chéquier ne soit pas vide, le serrurier, lui, priant pour ne pas se retrouver avec un chèque sans provision.

Près des deux tiers des TPE n'acceptent pas la carte bancaire

Ce genre de situation survient plus fréquemment qu'on ne croit. En effet, selon un sondage publié le 10 avril par le réseau de cartes Visa Europe, et réalisé auprès de 400 TPE (très petites entreprises) françaises, près des deux tiers (64%) d'entre elles n'acceptent pas la carte bancaire. D'abord parce qu'il s'agit souvent de professionnels opérant au domicile de leurs clients, comme les serruriers, les plombiers, les livreurs de pizza, les infirmiers, qui ne peuvent pas s'encombrer d'un terminal de paiement classique lors de leurs déplacements. Ensuite, parce que ce dernier représente un investissement non négligeable, de l'ordre de 450 euros.

 C'est dire si les toutes nouvelles solutions d'encaissement mobile (mPOS : mobile point of sale), dont la start-up américaine Square a été le pionnier en 2010, semblent particulièrement adaptées aux TPE. Et ce, d'autant que plus de la moitié (54%) de ces dernières sont équipées de smartphones, d'après l'étude de Visa. De quoi s'agit-il exactement? De solutions de paiement qui associent au mobile de l'artisan un petit lecteur de carte bancaire, relié au smartphone par la technologie Bluetooth. Il suffit au commerçant de télécharger sur son mobile une application de paiement, d'entrer dans cette dernière le montant de la transaction, de tendre le lecteur de carte à son client, et le tour est joué. Résultat, en 2012, deux ans seulement après ses débuts, Square comptait déjà deux millions d'utilisateurs, et affichait pas moins de six milliards de dollars de transactions annuelles.

 Un investissement de 50 à 100 euros

 Il faut dire que les solutions mPOS sont non seulement plus légères qu'un terminal de paiement ordinaire, mais également moins onéreuses.

"Il faut compter entre 49,99 et 99,99 euros pour s'équiper d'une solution mPOS, à quoi s'ajoute une commission sur chaque transaction, comprise entre 2,5% et 2,75% en moyenne, en Europe",

indique Caroline Drolet, chez Visa Europe. Des arguments qui font mouche : 53% des professionnels interrogés par le réseau de cartes reconnaissent qu'une solution d'encaissement mobile serait "pertinente", dans le cadre de leur activité. Aussi près des trois quarts (71%) d'entre eux se disent-ils prêts à s'équiper d'une solution mPOS dans les six prochains mois.

 Près de 60% des consommateurs disposés à payer via les solutions mPOS

 Les TPE plébiscitent en premier lieu la rapidité et la simplicité offertes par les solutions mPOS, puis la possibilité de recevoir des fonds plus rapidement (par rapport à l'encaissement d'un chèque) et, enfin, la perspective d'une augmentation de leurs ventes, quatre Français sur dix ayant déjà renoncé à un achat faute de pouvoir payer par carte.

 Côté consommateurs, d'ailleurs, 58% des 1.003 Français sondés par Visa Europe se disent prêts à payer via des solutions mPOS. Une bonne nouvelle pour les banques françaises, qui ont commencé l'an dernier à lancer des solutions de paiement mobile, lesquelles sont actuellement en phase de test. L'idée étant d'éviter d'avoir quinze ans de retard sur Square, Payleven, iZettle et autres start-up, comme cela a été le cas avec PayPal dans le domaine du portefeuille numérique.