Bangladesh : un an après le drame du Rana Plaza, Auchan visé par une plainte

Par latribune.fr  |   |  403  mots
A Dacca, dans les ateliers Rana Plaza installés sur huit étages, les petites mains du textile fabriquaient jupes, tee-shirts et jeans bon marché pour une trentaine de marques occidentales, dont Auchan. (Photo : Reuters)
Suite à l'effondrement du Rana Plaza il y a un an, plusieurs marques françaises ont été mises en cause. Aujourd'hui, trois associations portent plainte contre Auchan pour "pratiques commerciales trompeuses".

La date est symbolique. Un an jour pour jour après l'accident industriel le plus meurtrier du Bangladesh, les associations Sherpa, Peuples solidaires et le collectif Ethique sur l'étiquette ont porté plainte ce jeudi contre le distributeur français Auchan pour "pratiques commerciales trompeuses", a annoncé Le Parisien.

Le 24 avril 2013, la tragédie du Rana Plaza à Dacca, capitale du Bangladesh, provoquait la mort de 1.135 ouvriers textiles. Dans les décombres du bâtiment, des étiquettes d'une trentaine de marques occidentales avaient été retrouvées, dont certaines de Camaïeu, Benetton, ou encore de la marque de vêtements bon marché In extenso d'Auchan.

"Victime d'une sous-traitance dissimulée" ?

Estimant être "victime d'une sous-traitance dissimulée", Auchan nie toute responsabilité et ne participera pas au fonds d'aide aux victimes mis en place et piloté par l'Organisation Internationale du Travail (OIT), rapporte le quotidien. "Nous n'avons aucun lien direct ou indirect avec les entreprises travaillant sur le site", martèle un porte-parole du groupe de distribution.

Aucune loi sur la responsabilité sociale des entreprises n'existe en France. Les associations ont donc décidé d'attaquer Auchan sur sa communication de distributeur "éthique" et portent plainte pour "pratiques commerciales trompeuses", précise le Parisien.

Selon le collectif Ethique sur l'étiquette, Auchan aurait rapidement rompu avec le fournisseur qui sous-traitait au Rana Plaza, afin de se défausser de toute responsabilité. "C'est une formidable opération d'enfumage des consommateurs", dénonce le président-fondateur de Sherpa, l'avocat William Bourdon, dans le quotidien.

Un an après, rien n'a changé au Bangladesh

Sur l'ensemble des marques françaises dont les étiquettes ont été retrouvées sur place, seul Camaïeu a reconnu sa responsabilité et participe au fond d'aide aux victimes. La marque irlandaise Primark a quant à elle versé douze millions de dollars en tout, dont sept millions via le fonds.

Au Bangladesh, un accord sur la sécurité des bâtiments a été signé par 150 enseignes et le salaire des employés textiles a augmenté, mais rien n'a réellement changé car l'inflation fait stagner le pouvoir d'achat. "L'encadrement législatif est inexistant", constate Michel Capron, président du Forum citoyen pour la responsabilité sociale des entreprises, cité par le quotidien.

En France, trois députés ont demandé au Parlement de débattre rapidement d'une proposition de loi imposant aux entreprises un devoir de vigilance aux sociétés faisant appel à des sous-traitants hors Europe.