Les financiers français jugent leurs bonus insuffisants

Par Christine Lejoux  |   |  520  mots
Pas moins de 44% des professionnels français de la finance interrogés par eFinancialCareers se disent également insatisfaits, voire très insatisfaits, de leur rémunération fixe. REUTERS. (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Près d’un professionnel français de la finance sur deux a reçu, au titre de 2013, un bonus supérieur à celui de 2012, selon eFinancialCareers. Mais près des deux tiers d’entre eux déplorent une rémunération variable inférieure à leurs attentes.

S'il est un sujet qui cristallise les passions, dans le monde de la finance, c'est bien celui des bonus. Or, en France, le millésime 2013 semble moins décevant que les traders et autres "preneurs de risque" auraient pu le craindre, malgré la baisse des résultats des divisions de banque de financement et d'investissement de plusieurs établissements français.

 En effet, près d'un financier sur deux (48%, très exactement) a reçu, au titre de l'exercice 2013, une rémunération variable supérieure à celle de l'an passé, d'après un sondage publié le 23 avril par le site d'offres d'emploi eFinancialCareers.fr, et réalisé le mois dernier auprès de 337 professionnels de la finance résidant ou travaillant en France. L'an dernier, 36% seulement des financiers interrogés pouvaient se targuer d'avoir perçu un bonus en hausse.

 Le niveau de mécontentement le plus élevé au monde

 On pourrait donc croire les professionnels français de la finance relativement satisfaits. Il n'en est rien. Près des deux tiers (61%) d'entre eux déplorent un bonus en-deçà de leurs espérances. "Il s'agit, de loin, du niveau de mécontentement le plus élevé, comparé aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à la région Asie-Pacifique", souligne James Bennett, directeur général d'eFinancialCareers. Une déception qui vaut également pour les salaires fixes : bien que ceux-ci aient augmenté en 2013, là encore pour près d'un financier français sur deux (49%), pas moins de 44% des professionnels de la finance interrogés se disent insatisfaits, voire très insatisfaits, de leur rémunération fixe. A leur décharge, cette dernière figure parmi les plus basses d'Europe.

 Nul doute que le mécontentement des financiers français s'accentuera l'an prochain. En effet, à partir du 1er janvier 2015, Bruxelles imposera aux banques européennes de limiter les bonus de leurs collaborateurs "preneurs de risque" à 100% du salaire fixe de ces derniers. Un plafond qui pourra cependant être relevé à 200%, si les deux tiers au moins des actionnaires de la banque en sont d'accord. Redoutant de voir leurs meilleurs éléments céder aux sirènes de concurrentes américaines, les banques britanniques sont disposées à compenser ce plafonnement des bonus par une augmentation des salaires fixes.

 40% des financiers envisagent de changer d'entreprise cette année

 Une souplesse que les établissements d'outre-Manche peuvent se permettre, compte tenu de la facilité à licencier au Royaume-Uni, si la hausse des rémunérations fixes devenait trop lourde, dans un contexte de ralentissement de l'activité des banques. Le marché du travail étant autrement plus rigide dans l'Hexagone, les banques françaises, elles, peuvent difficilement envisager d'augmenter les salaires fixes, au risque de voir leur base de coûts exploser.

 Conséquence, certains professionnels français de la finance pourraient être tentés de migrer vers des banques anglo-saxonnes, où l'herbe semble plus verte. D'ailleurs, 40% des financiers interrogés par eFinancialCareers envisagent de changer d'entreprise dès cette année. Et ce, d'autant plus que le redémarrage des fusions et acquisitions et la bonne tenue du marché des introductions en Bourse sont favorables à l'emploi dans les banques de financement et d'investissement.