Référendum islandais sur la banque Icesave : "non" à plus de 93%

Par latribune.fr  |   |  682  mots
D'après des résultats quasi-définitifs publiés ce dimanche, les islandais ont répondu "non" à 93,3% au referendum portant sur le plan de remboursement à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas des 3,5 milliards d'euros de dettes de la banque islandaise Icesave.

Seul 1,7% des électeurs islandais est favorable au plan de remboursement à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas des 3,5 milliards d'euros de dette de la banque islandaise Icesave contre 93,3% de "contre". Tels sont les résultats quasi-définitifs publiés ce dimanche du referendum islandais de samedi sur la base de 130.575 bulletins dépouillés. Les résultats définitifs sont attendus en fin de matinée, des voix de localités isolées par le mauvais temps n'ayant pu être comptées.

Victime de la crise financière, Icesave a fait faillite fin 2008. Or, ses quelque 400.000 clients du Royaume-Uni et des Pays-Bas, vers lesquels ses opérations étaient tournées, ont perdu au total 3,5 milliards d'euros, que leurs gouvernements leur ont remboursés. Mais Londres et Amsterdam ont font pression pour que que Reykjavik leur reverse ce montant et un accord sur les modalités de remboursement avait été mis au point. Le Parlement avait même approuvé un projet de loi prévoyant que l'Etat islandais se porte garant des dettes d'Icesave et rembourse l'argent. Projet de loi que le chef de l'Etat a refusé de promulguer et  qui a imposé la tenue d'un référendum, le premier dans le pays depuis l'indépendance d'avec le Danemark votée en 1944.

Le référendum a donné aussi l'occasion aux Islandais, qui ont perdu 30% de leurs revenus depuis 2007, d'exprimer leur colère à l'égard des banques et de la classe politique de Reykjavik qu'ils jugent responsables de la situation.

Les discussions vont se poursuivre

En rejetant encore plus fortement que prévu l'impopulaire accord Icesave, les Islandais ont accentué selon les analystes la pression sur leur gouvernement pour trouver un nouvel accord avec Londres et La Haye.

Pour le président islandais Olafur Ragnar Grimsson, "Il y a toutes les raisons de féliciter le peuple islandais. Le référendum s'est très bien passé et le résultat a été clair". "Gordon Brown doit maintenant prendre l'initiative et assurer les prochaines étapes pour garantir une solution que tout le monde doit accepter (...)".

"Cela n'a pas d'impact sur la vie du gouvernement", a déclaré le Premier ministre islandais de centre-gauche, Johanna Sigurdardottir, à la télévision publique.  "Nous devons continuer et terminer le débat sur Icesave. Nous devons arriver à un accord." Ayant refusé de voter, elle a toutefois exclu de démissionner à l'issue du scrutin.

Le ministre des Affaires étrangères, Ossur Skarphethinsson, a déclaré pour sa part à Reuters qu'un nouvel accord sur les conditions de remboursement pourrait être trouvé avec les Pays-Bas et la Grande-Bretagne "dans les prochaines semaines, peut-être plus rapidement". En tout cas, avant les élections législatives prévues en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas en mai et en juin, a déclaré le ministre islandais des Finances, Steingrimur Sigfusson au cours d'une conférence de presse. "Il serait manifestement difficile (d'obtenir un accord) si nous nous approchions trop des élections lorsque les hommes politiques et les ministres seront en campagne". "Si nous n'arrivions pas à régler ça avant, cela prendrait du temps de former des nouveaux gouvernements et cela pourrait signifier de nouveaux retards(...) a-t-il expliqué.

"Le point fondamental pour nous est de revoir notre argent mais ... nous sommes prêts à être flexibles", a ajouté Alistair Darling, le ministre britannique des Finances, soulignant que le remboursement nécessiterait "beaucoup, beaucoup d'années". "Nous ne pouvons tout simplement pas nous rendre dans un petit pays comme l'Islande ... et lui dire: Remboursez-nous immédiatement".

Entrée dans l'UE

"La Commission prend note des résultats du référendum. C'est un sujet sur lequel il revient aux Islandais de se prononcer", a indiqué ce dimanche une porte-parole de la Commission. Interrogée sur d'éventuelles répercussions pour la candidature du pays à une entrée dans l'UE, la porte-parole a estimé que les négociations d'adhésion et le règlement de l'affaire Icesave "sont deux processus séparés". "La Commission a déjà donné son feu vert (à l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE), maintenant c'est entre les mains des Etats membres", a-t-elle ajouté.