Bonus dans les banques : le retour des folles rémunérations

Par latribune.fr  |   |  703  mots
Infographie La Tribune
Les banques se sont conformées à la nouvelle réglementation européenne mais elles réfléchissent à la façon d'adapter

Les aides d'Etat étant remboursées et les établissements recommençant à engranger de généreux bénéfices, les patrons des banques françaises n'ont plus de raison de renoncer à leur bonus. L'an dernier, le président-directeur général de la Société Générale, Frédéric Oudéa, et le président du directoire de BPCE, François Pérol, n'avaient pas perçu de rémunération variable au titre de 2009. Mais le millésime 2010 devrait les consoler.

Avec un bonus estimé à 3,2 millions d'euros, Frédéric Oudéa est de loin le mieux servi. La banque de La Défense fait cependant preuve de bonne volonté dans l'application des nouvelles règles. Frédéric Oudéa recevra ainsi un peu moins de 20 % de son bonus en numéraire en 2011, le reste étant différé sur trois ans et soumis au parcours de l'action. Pour 2011, le conseil d'administration de la banque a d'ores et déjà décidé que « compte-tenu des nouvelles contraintes imposées par la directive européenne CRD III sur la structure et les modalités de versement de la rémunération des dirigeants des banques », la rémunération fixe des mandataires sociaux serait relevée. Ainsi, pour 2011, la rémunération fixe de Frédéric Oudéa atteindra 1 million d'euros.

Dispositif à l'étude

Les dirigeants de BNP Paribas, les mieux payés en 2009, sont encore une fois bien servis. Outre les 2,7 millions d'euros reçus au titre de 2010, Baudouin Prot a exercé des stock-options et vendu des actions en août dernier, avec à la clef une plus-value de 477.600 euros. Là aussi, les modes de rémunération sont à l'étude. Si les attributions de stock-options sont exclues en 2011 comme en 2010, « un dispositif pour associer les dirigeants à la valorisation de l'action sur le long terme est à l'étude ». Mais, « les conditions dans lesquelles une rémunération leur serait versée à ce titre, à l'issue d'une période de cinq ans, seront plus restrictives que celles des stock-options et des actions de performance, et seront plafonnées contrairement à celles-ci », précise la banque.

Sophie Rolland

______________________

A Londres, les mieux payés atteignent jusqu'à 24 millions d'euros

Les énormes bonus des patrons des banques britanniques sont de retour. Après deux années où certains d'entre eux avaient « renoncé » sous la pression populaire et politique à leur bonus, ils ont tous « accepté » cette année leur paquet salarial. Bob Diamond, le flamboyant directeur général de Barclays, est celui qui décroche la plus généreuse rémunération, avec un total de 15,6 millions d'euros.

Certes, ce total n'est pas garanti : une grande partie sera versée dans trois ans en fonction de critères de performance, et la somme finale dépendra du niveau de l'action Barclays. La banque estime que son salaire final sera plus vraisemblablement de 7,7 millions d'euros.

Stephen Hester, le patron de Royal Bank of Scotland, a aussi provoqué une forte controverse politique. Dirigeant une banque nationalisée à 83 %, il a reçu un paquet salarial de 8,7 millions d'euros. Là encore, une grande partie dépend de critères de performances, mais la somme, de facto payée par le contribuable, fait grincer des dents. En comparaison, les patrons de HSBC sont moins bien servis. Michael Geogheghan, qui était le directeur général jusqu'à fin 2010, n'a touché « que » 6,6 millions d'euros.

Interrogations

Mais la vraie révélation cette année est que ces salaires sont loin d'être les plus élevés. Après un long bras de fer avec le gouvernement, les banques britanniques ont accepté de publier - de façon anonyme - les salaires des cinq dirigeants (hors conseil d'administration et hors traders) les plus payés. À Barclays, le résultat est spectaculaire : les deux premiers salaires atteignent 24 millions d'euros !

Enfin, les banques britanniques doivent désormais publier les rémunérations de leurs principaux cadres, soit 200 à 300 personnes dont les décisions peuvent avoir un impact sur les risques pris par la banque. Résultat : en moyenne, ces cadres touchent 2,8 millions d'euros à Barclays, 1,4 million d'euros à RBS et 1,1 million à HSBC. De quoi s'interroger : pourquoi Barclays paie-t-il deux fois plus ses cadres que ses concurrents ?

Eric Albert