Bonus : Nicolas Sarkozy obtient des engagements contraignants des banques

Par latribune.fr  |   |  741  mots
Les banques françaises ont promis de devenir "irréprochables" en matière de rémunération de leurs salariés. Le gouvernement va quant à lui tenter d'obtenir des régulations internationales. Et Michel Camdessus va être nommé superviseur des rémunérations dans les banques bénéficiant d'une aide publique.

"Les banques françaises, conformément à la demande du président de la république, ont pris l'engagement clair et vérifiable de se situer au meilleur niveau mondial de sécurité et d'éthique en matière de rémunération des salariés et des banques de financement et d'investissement", a déclaré ce mardi Baudouin Prot,  directeur général de BNP Paribas, à l'issue d'une réunion à l'Elysée.

En clair, les banques françaises ont accepté d'introduire une série de mesures dans leur dispositif de rémunération à la demande de Nicolas Sarkozy. En premier lieu, elles se sont engagées à ce que le versement des deux tiers des bonus soient désormais différé, afin de tenir compte une fois encore des résultats des banques. Et un tiers de cette partie différée sera versé en titre de l'entreprise employeur.

"Ce n'est pas à tous les coups on gagne"

A cela s'ajoute la mise en place un système de malus assujetti aux résultats des établissements. Les fameux "bonus", qui suscite l'ire de l'opinion publique depuis des mois ne devraient plus être automatiques, comme c'était le cas auparavant, mais fonction des performances financières des établissements bancaires. "Si les performances ne sont pas au rendez-vous dans la durée, la partie différée du bonus ne sera pas versée", a expliqué Nicolas Sarkozy, accompagné de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

"Avant la réunion d'aujourd'hui, on versait des bonus, les traders prenaient les bonus, l'année suivante, leur activité perdait de l'argent, c'est le contribuable qui payait", a-t-il poursuivi. "Désormais, (...) le trader devra attendre trois ans pour toucher l'intégralité du bonus et si dans les deux années qui suivent son activité perd de l'argent, il ne touchera pas son bonus. Pas de bonus sans malus, ce n'est pas à tous les coups on gagne", a-t-il lancé.

Tentative de coordination internationale

Sur le plan mondial, le président compte demander que le G20 se prononce sur une limitation globale des bonus distribués. Lors du prochain sommet, à Pittsburgh, il proposera également aux pays membres de ne plus accorder de mandats aux banques ne respectant pas les règles internationales. Il a précisé que l'Etat français, pour sa part, ne travaillera plus avec les banques qui n'appliquent pas les règles sur les rémunérations des traders.

Dans une intervention au début d'une rencontre à l'Elysée avec les banquiers français, le chef de l'Etat avait déjà déclaré qu'il se battrait à Pittsburgh, fin septembre, pour amplifier les engagements pris lors du précédent sommet de Londres, le 2 avril dernier. "Je ne ménagerai pas mes efforts pour faire émerger sur ce sujet une approche européenne", a-t-il souligné. "Le problème est international et il doit être traité internationalement mais la France ne s'alignera pas sur le moins-disant ni n'attendra pour agir", a-t-il poursuivi. "Discutons des mesures nationales qu'il faut adopter immédiatement".

BNP Paribas divise son enveloppe par deux

Enfin, les banques françaises qui bénéficient de l'aide publique seront désormais soumises au contrôle d'un "tsar des rémunérations", ou "superviseur des rémunérations", Michel Camdessus, chargé de vérifier si les engagements sont tenus pour les cent plus importantes rémunérations de traders, a précisé le gouvernement.

Signe que le message a été entendu, Baudouin Prot, de BNP Paribas, a déjà annoncé que son établissement va réduire de moitié, à 500 millions d'euros, l'enveloppe prévue pour les bonus de ses traders au premier semestres. Cette même enveloppe qui a mis le feu aux poudres cet été.

Selon le texte de son intervention distribué par la présidence, il a également pressé les banques de continuer à prêter à l'économie française. Notant que la progression de leurs encours de crédit marquait une décélération sur les dernier mois, il a ajouté : "je voudrais que nous examinions ensemble les moyens à mettre en oeuvre pour tenir, voire dépasser, les objectifs que nous avons fixés dans le cadre du plan de financement de l'économie".

"Je ne veux pas que plane la moindre suspicion sur l'emploi des fonds publics", a assuré le chef de l'Etat. "Si l'Etat est intervenu, c'est pour que les banques soutiennent les entreprises et prêtent aux ménages, pas pour qu'elle spéculent".