Tour de force des banques françaises dans l'affaire AIG

Par latribune.fr  |   |  423  mots
Les autorités françaises auraient réussi à manœuvrer la Réserve fédérale de New-York et le Trésor américain selon le Wall Street Journal dans l'affaire AIG afin de ne pas subir de décote sur leur actifs pourris. La Société Générale aurait été la grande gagnante de l'opération, avec un afflux de cash de 16,5 milliards de dollars et Calyon de 4,3 milliards.

Selon le Wall Street Journal de ce mercredi, à l'automne 2008, lors des négociations sur les débouclages des contrats de dérivés de crédit (CDS, Credit Default Swap) dont l'assureur américain AIG, à la dérive, était la contrepartie, les banques françaises, soutenues dans leur argumentaire par la Commission bancaire, auraient fait valoir auprès d'AIG et de la Réserve fédérale de New York qu'elles ne pouvaient négocier une éventuelle décote, sous peine de voir leur responsabilité pénale et celle de leurs dirigeants engagées.

Au départ de l'affaire, une commission du Sénat Américain se penche sur la gestion de la crise financière. Au cours de l'enquête une question se pose à la commission : comment est-il possible que le remboursement par AIG de ses dettes sur CDS se soit fait au montant nominal des dites créances. Dans l'ensemble des interventions sur ce type d'actifs, de sérieuses décotes sont appliquées aux remboursements. Ce ne fut pas le cas pour AIG. En cause, les liens étroits entre AIG et Goldman Sachs. Hank Paulson, Secrétaire au Trésor et ancien patron de Goldman Sachs, aurait cherché à favoriser Goldman Sachs qui aurait reçu l'intégralité de sa créance de 12 milliards de dollars auprès d'AIG, avec le feu vert du gouvernement américain, le lendemain de la chute de Lehman Brothers en octobre 2008.

Dans cette affaire, les autorités françaises auraient fait ainsi savoir qu'en acceptant une ristourne sur ces dettes, les dirigeants du Crédit Agricole et de la Société Générale, les principaux bénéficiaires de cette intervention, risquaient la prison. Cet argument a permis à Goldman Sachs et Merrill Lynch d'imposer l'égalité des créanciers et leur a donc évité une perte sur ces actifs qui ne valaient plus que la moitié de leur montant nominal.

«Les banques françaises et leur régulateur ont magistralement manœuvré les Américains», selon Neil Barofsky, l'inspecteur general des facilités financières concernées et connues sous le nom de TARP (Troubled Asset Relief Program), initailement plan Paulson. La Société générale aurait ainsi été la grande gagnante de l'opération, avec un afflux de cash de 16,5 milliards de dollars (sans impact positif sur le compte de résultat mais cela a évité de très lourdes provisions pour dépréciations ), suivie de Goldman Sachs (14 milliards). Calyon (Crédit Agricole), sixième de la liste, aurait touché 4,3 milliards.