Etats-Unis : vague d'arrestations dans la vaste enquête sur les délits d'initiés

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  421  mots
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Banquiers d'affaires, gérants de fonds, consultants, analystes... Personne ne serait épargné par l'important coup de filet qui se prépare dans tout le pays.

Le FBI a procédé ce jeudi matin à quatre nouvelles arrestations dans le cadre de son enquête sur les délits d'initiés. Une cinquième personne a par ailleurs été inculpée. Dans le collimateur des autorités : Primary Global Research, un réseau d'experts ("expert networks"). Un employé de la société a été interpellé, tout comme un salarié d'Advanced Micro Devices (AMD), un dirigeant de Flextronics et un manager de Taiwan Semiconductor North America. Un salarié de Dell a pour sa part déjà plaidé coupable de fraude.

Ces derniers sont soupçonnés d'avoir fourni des informations confidentielles à Primary Global Research au sujet de leurs compagnies, mais aussi sur Research in Motion, Seagate Technology et Apple.  Walter Shimoon, le dirigeant de Flextronics, l'un des fournisseurs du groupe à la pomme, aurait notamment disposé d'informations sur le lancement de l'iPad et de la nouvelle version de l'iPhone.

L'existence de cette vaste enquête, qui aurait débuté il y a environ deux ans, avait été révélée à la mi-novembre par le Wall Street Journal. Banquiers d'affaires - le nom de Goldman Sachs est notamment évoqué -, gérants de fonds, consultants, analystes... Personne ne serait épargné par l'important coup de filet qui se prépare dans tout le pays. Plusieurs perquisitions, notamment chez d'importants "hedge funds" (fonds spéculatifs), et arrestations ont déjà été menées.

Les autorités américaines cherchent à éclaircir le rôle joué par ces réseaux d'experts. Selon une étude menée par Integrity Research Associates, plus d'un tiers des investisseurs institutionnels font appel aux services de ces firmes, dont le rôle est de collecter des informations et de les interpréter. Pour ce faire, elles emploient notamment des salariés et des anciens cadres de sociétés, payés des centaines de dollars de l'heure. C'est sur les données qu'ont pu obtenir ces derniers que se portent les soupçons.

L'autorité de contrôle des marchés financiers, la Securities & Exchange Commission (SEC), examine plusieurs opérations de fusion et acquisition, essentiellement dans la pharmacie et l'informatique, précédées de mouvements boursiers suspects. Elle cherche à savoir si des investisseurs ont eu connaissance de ces transactions avant tout le monde, anticipé la réaction des marchés et ainsi engrangé plusieurs centaines de millions de dollars.

Pour mieux contrôler ces réseaux d'experts, le gendarme boursier souhaite rendre obligatoire l'enregistrement des conseils et experts travaillant pour les fonds d'investissement et les "hedge funds".